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classique mausolée. — Tout le beau groupe de monumens entre le forum de Trajan et le forum romain apparaît en ruines magnifiques : colonne et basilique Trajane, forum de Nerva, tours des Milizie et des Conti datant des commencemens du XIIIe siècle, temple de Faustine, etc. Le Palatin fait brillante figure par son stade, désigné sous le nom du Grand-Palais, « Palazo magiore. » C’est ce même stade, enterré depuis et dévasté, que M. Pietro Rosa a fait déblayer récemment, et où l’on retrouvait l’année dernière une intéressante statue. — Le temple de la Paix a ses trois célèbres arcades, mais surmontées d’un second étage semblable au premier; il serait intéressant de fixer quel est ici le degré d’exactitude. La désignation même de Templum Pacis est-elle bien légitime? Le temple de la Paix, dédié par Vespasien en 77, détruit par le feu sous Commode, à la fin du IIe siècle, paraît n’avoir pas été reconstruit; au VIe siècle, Procope le voit en ruine; il semble que Constantin y ait substitué sa basilique, et que ce soit donc le magnifique débris de ce dernier édifice qui subsiste depuis le tremblement de terre de 1349. Il est certain toutefois que la désignation de temple de la Paix, survivant au IVe siècle, s’étendait plus tard à tout un quartier. — Le même fléau de 1349 avait fait au Colisée l’énorme blessure, ouvrant un de ses côtés, qu’on distingue sur nos plans. L’héroïque édifice avait déjà subi bien des coups; pour lui commençait un âge d’abandon et de mépris ; le XVIe siècle allait en piller les travertins pour élever le palais de Saint-Marc, le palais de la Chancellerie et le palais Farnèse.

En même temps que M. de Rossi donnait ce recueil de plans figurés, le gouvernement italien publiait une grande carte de Rome datant du milieu du XVIe siècle, et qui fait suite par conséquent aux documens dont nous venons de parler. L’auteur de cette carte a été un certain Leonardo Bufalini, duquel on sait bien peu de chose. Originaire du Frioul, il paraît avoir été employé dans l’imprimerie de Paul Manuce, à Rome, mais peut-être simplement comme graveur. On ne connaissait plus qu’un seul exemplaire de cette carte, et incomplet, à la bibliothèque Barberini, lorsqu’on en retrouva, pendant ces dernières années, un autre bien entier, dans la bibliothèque d’un des couvens supprimés. La reproduction de cette pièce par la gravure la met désormais à l’abri de toute destruction. La carte de Bufalini n’offre pas une vue pittoresque, mais un plan géométrique. Il indique par le dessin les rues et places, dont il nomme les principales; il nomme surtout avec soin les édifices, dont il donne les plans restitués. C’est dire combien d’inappréciables renseignemens sur l’état de Rome au XVIe siècle on rencontrera en le consultant, et combien d’indications utiles sur les monumens de