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de l’acte du chapitre, Retz avait écrit de Rome, le 22 mai, à son clergé, une longue lettre qu’il a insérée dans ses Mémoires. Il y représentait l’illégalité de l’administration capitulaire et protestait contre ce qu’elle pourrait faire. Les chanoines reconnurent pour la plupart la justesse de la réclamation de leur archevêque et se démirent de leurs nouvelles fonctions. « La cour, écrit le remuant cardinal, ne trouva pour elle dans le chapitre que trois ou quatre sujets qui n étaient pas V ornement de leur compagnie. » Le clergé parisien repoussa le biais qu’avait imaginé Mazarin pour sortir de l’embarras où le gouvernement se voyait jeté par la protestation de l’archevêque et la retraite des chanoines. Le moyen consistait à rendre provisoirement le titre de métropolitain de la province ecclésiastique privée de son chef à l’archevêque de Sens, dont relevait comme suffragant le siège de Paris avant qu’il eût été érigé en archevêché. Le ministre fut fort désappointé du peu de succès qu’eut sa proposition, et il recourut à un autre palliatif. C’était de transporter à Paris le métropolitain de Sens en réduisant à un simple évêché cet antique siège archiépiscopal et faisant ainsi du prélat qui en était pourvu l’archevêque de la capitale. Un tel expédient fit jeter les hauts cris aux prélats de la province dont les élections à l’assemblée demeuraient suspendues, et Mazarin s’efforça vainement de le leur faire accepter. Le gouvernement royal dut alors solliciter un bref du pape qui levait la difficulté, en commettant l’un des évêques suffragans de l’archevêque de Paris pour le remplacer dans ses fonctions archiépiscopales. Le prélat délégué eût pu dès lors présider l’assemblée diocésaine et procéder aux élections. L’ambassadeur de France à Rome agit dans ce sens près du saint-père, et il réussit, à la fin, dans sa démarche. Le bref annoncé longtemps à l’avance à l’assemblée du clergé arriva. Il désignait l’évêque de Meaux, frère du chancelier Séguier, pour remplacer le cardinal de Retz ; mais les obstacles ne cessèrent pas pour cela ; ils se produisirent au sein même de l’assemblée, quoique le ministre y eût plus d’un député à sa dévotion, car les opposans à Mazarin dominaient dans la compagnie ; ils avaient à leur tête Claude de Rebé, archevêque de Narbonne, tandis que les députés ministériels suivaient les inspirations de l’archevêque de Sens, Louis-Henri de Gondrin. Par ce prélat et quelques-uns des membres de la même faction, Mazarin fut tenu au courant de tout ce qui se passait dans l’assemblée et le secret des délibérations n’exista pas pour lui. Quoi qu’il fît, la majorité tenait bon pour l’archevêque exilé ; elle avait, dès les premières séances, clairement manifesté son intention d’en soutenir les droits, qui intéressaient ceux de l’épiscopat tout entier. L’un de ses membres les