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voulant imposer le joug à tous les ecclésiastiques et réduire les évêques à n’être plus que de petits vicaires du conseil d’état destituables à la moindre volonté du favori.

Une assemblée du clergé s’étant peu après, comme il va être dit, réunie à Paris, Retz écrivit à cette compagnie en lui rappelant ce qu’avait fait l’assemblée de 1645 à l’égard de l’évêque de Léon ; il la sollicita de soutenir ses droits aussi énergiquement que cette précédente assemblée avait défendu ceux du prélat injustement frappé. Le gouvernement tint ferme. Les rigueurs dont il usa envers quelques-uns des plus ardens à servir les intérêts de Retz effrayèrent les timides, qui ne manquaient pas. Le clergé ne se souciait point d’aii leurs de souffrir le martyre pour un prélat peu digne de son estime. La majorité finit par accapter la nomination de grands-vicaires à la place de ceux que l’arciievêque fugitif avait commis.

Cette résolution eut pour effet d’amener un schisme dans l’église de Paris, car bon nombre de curés et de fidèles ne voulaient pas entendre parler de ces nouveaux grands-vicaires. L’assemblée avait été convoquée dans le principe pour le 25 mai 1655. Malgré la victoire qu’il venait de remporter dans la queston des grands-vicaires, le gouvernement, après avoir décidé la rémion de cette assemblée, n’avait pas été sans appréhension sur k résultat que pouvaient avoir les élections, et, à l’instar de Richilieu, il ne s’était pas fait faute d’exercer une pression sur les chcix. Les secrétaires d’état avaient écrit aux archevêques et évêqueà pour leur notifier ceux que le roi voulait qu’on députât. A. Nmtes, le maréchal de La Meilleraie, alors lieutenant-général au couvernement de Bretagne, était entré dans le lieu où se tenait l’asemblée diocésaine et avait commandé au président de la réunion, le Normand, officiai et grandvicaire de l’évêque, Gabriel de Beauvai, de faire élire pour députés à l’assemblée provinciale de Tours ceix dont il apportait les noms. Des faits analogues s’étaient produits en d’autres provinces. Ils donnèrent beau jeu pour protester au cirdinal de Retz, qui, en dépit de la police, demeurait en rapports (onstans avec son clergé et contre-cairait les efforts qu’opposait à fes intrigues la diplomatie française à Rome. La mort du pape Innocent X, arrivée le 7 janvier 1655, avait relevé les espérances de Retz, qui comptait sur l’influence qu’il pourrait exercer dais le conclave.

Le gouvernement ne fut pas d’abord beaucoup plus heureux dans son action sur le clergé parisien qu’il ne l’était dans ses instances près des cardinaux italiens, car il avait à lutter contre la résistance obstinée de certains curés, ndamment ceux de la Madeleine et de Saint-Séverin, que Retz avait nommés ses grands-vicaires.