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tester contre sa destitution et la nomination du successeur qu’on lui avait donné. Cette affaire fut fort agitée à l’assemblée du clergé de 1635. Les membres les plus attachés aux principes gallicans contestaient au pape le droit de nommer de son autorité une commission investie de la faculté de déposer par jugement des évêques. Il fallut la pression qu’exercèrent sur la compagnie deux des commissaires que Richelieu était parvenu à faire nommer députés, l’évêque de Saint-Flour et le coadjuteur de Tours, pour que l’assemblée ne se déclarât pas formellement contre la sentence de déposition qui avait été rendue. Ne rencontrant plus d’appui dans la représentation ecclésiastique, René de Rieux en avait appelé de la commission au pape, et il était encore en instance pour que son appel fût reçu quand se réunit l’assemblée de 1645. Avec ses sentimens hostiles aux actes du feu ministre, la compagnie ne pouvait manquer de prendre en mains la cause de l’évêque de Léon dépossédé. L’affaire fut donc examinée dès le début de la session. Quelques-uns de ceux qui avaient fait partie de la commission judiciaire siégeaient parmi les députés ; ils furent vivement interpellés ; la compagnie leur adressa de durs reproches, les accusant de lâcheté pour avoir consenti à faire partie d’un tribunal qu’on taxait d’illégal. L’assemblée protesta contre les brefs que Richelieu avait obtenus pour ce procès en 1632 et 1633, et elle envoya une députation à la reine mère et au premier ministre pour demander que des instructions fussent données à l’ambassadeur de France à Rome afin de solliciter du saint-père la révision du jugement. Mazarin fit mine d’approuver la démarche et il parut d’abord y donner satisfaction. Des négociations furent entamées avec le souverain pontife tant de la part de l’assemblée que de celle de la couronne ; elles marchèrent assez rapidement. Toutefois, comme la session s’avançait et que l’affaire menaçait de n’être point réglée avant la clôture, la compagnie remit à l’archevêque de Corinthe, coadjuteur de Paris, la charge de mener à bonne fin la négociation. On était en présence d’assez grosses difficultés qui venaient tant des prétentions du saint-siège que de la résistance du successeui* donné à René de Rieux, Robert Gupif. Celui-ci s’élevait contre l’intention qu’on manifestait de rétablir son prédécesseur ; il en appelait comme d’abus au parlement de Bretagne. Retz nous a fait connaître dans ses Méjnoires la part qu’il prit à cette affaire. Il nous montre que Mazarin n’était pas, à beaucoup près, dans des dispositions aussi favorables à l’égard de la réintégration de l’évêque de Léon que l’avaient donné à supposer les paroles articulées par lui dans l’assemblée où il s’était rendu de sa personne. Malgré ses assurances à l’archevêque de Corinthe et à plusieurs députés des provinces, il cherchait à enterrer