Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 35.djvu/277

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moignée au coadjuteur ne l’empêcha pas d’entrer dans la commission, où il eut pour collègues l’archevêque d’Auch et les évêques d’Uzès, de Coutances et de Maillezais. Il s’y rencontrait aussi quelques députés du second ordre, notamment les abbés de Caminade et de Charrier, qui devaient un peu plus tard se signaler par leur attachement au remuant prélat qu’on était assuré de trouver dans toutes les intrigues dirigées contre Mazarin. L’assemblée du clergé s’était imposé la tâche de rendre à l’épiscopat toute son autorité ; elle se hâta de dresser ses batteries contre l’édit de Nantes. avait le tort impardonnable aux yeux des évêques de soustraire à leur juridiction spirituelle ceux qui faisaient profession de calvinisme. La compagnie n’attendit même pas qu’elle eût achevé de rédiger ses cahiers pour présenter à la régente des remontrances touchant les entreprises des huguenots. La ruine des religionnaires comme parti politique ne suffisait point au clergé ; il voulait qu’on leur enlevât toute faculté d’exercer leur culte ; il insistait au moins pour que le gouvernement veillât sévèrement à ce qu’ils ne sortissent pas des limites étroites dans lesquelles ce culte était toléré. La propagande que faisaient les calvinistes alarmait les évêques qui les accusaient d’instituer des prêches là où on les avait interdits, de reconstruire les temples, dont l’autorité épiscopale avait fait opérer la destruction, plus solidement qu’ils n’étaient bâtis auparavant. Toutes ces récriminations furent développées dans la harangue que Claude de Rebé, archevêque de Narbonne, adressa à Anne d’Autriche au nom de l’assemblée. Il y insista pour que, selon ses expressions, l’église, quand la France étendait ses frontières, pût aussi étendre les siennes. Il signala les dangers que créait pour la religion catholique la tolérance envers l’hérésie, et fit un pressant appel à la piété de la reine, qu’il ne craignait pas d’appeler la plus grande et la plus vertueuse princesse de la terre. À l’entendre, la couronne n’avait qu’à s’en remettre au zèle de l’église, et il eut soin de ne rien dire qui rappelât la résistance qu’avait opposée Richelieu aux prétentions de domination du clergé. Il ne voulait voir dans le feu roi que le protecteur des droits, immunités et franchises de l’église, l’ennemi juré de ceux qui la voulaient opprimer. Louis XIII n’était pour lui que l’ange exterminateur de cette liberté impie et injurieuse qu’on prétendait maintenant ressusciter. Des devoirs que la nécessité d’assurer la paix du royaume imposait au gouvernement, l’archevêque ne s’en occupait pas. Il estimait l’édit de Nantes une transaction honteuse, et l’heure était venue, selon lui, d’user des mesures propres à étouffer l’hérésie. Entre ces mesures, il mentionnait l’abolition des chambres mi-parties. On ne saurait s’étonner de ce langage. La régence d’Anne d’Autriche avait réveillé les espérances du parti de la réaction catholique, et le clergé voulait à tout prix