Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 35.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les améliorations suggérées par une longue expérience; l’emplacement que l’on choisirait de préférence serait le terrain occupé actuellement par le marché Saint-Martin, dont la suppression paraît décidée.

En adoptant le premier projet, on éviterait sans doute les tâtonnemens qui résulteraient d’un changement complet ; mais, d’un autre côté, la voie de l’expropriation ne manquerait pas d’être fort coûteuse; de plus, en se contentant de reconstructions partielles, on ne pourrait améliorer que des détails. Pour toutes ces raisons, c’est le second projet qui a réuni les suffrages du conseil. Une dernière raison d’ailleurs milite en faveur du projet qui consiste à construire l’École centrale sur les terrains du marché Saint-Martin : c’est la possibilité de rapprocher ainsi cet établissement du Conservatoire des arts et métiers, où sont réunis ces collections, ces modèles, ce matériel, à l’aide desquels les autres écoles du même genre cherchent à perfectionner l’enseignement des sciences appliquées. Il importe que ces deux institutions, qui se touchent par tant de points, soient à proximité l’une de l’autre et puissent se prêter un appui constant.

La commission nommée par le ministre, à la suite de cette délibération du conseil de perfectionnement, se prononça à l’unanimité pour la translation de l’École sur l’emplacement du marché Saint-Martin. Le conseil municipal ne tarda pas à être saisi de la question, mais l’enquête prit beaucoup de temps, et c’est seulement au mois de novembre 1878 que fut décidée la cession à l’état du sol du marché Saint-Martin, au prix de 2,520,000 francs, prix sur lequel la ville fait remise à l’état d’une somme de 1,020,000 francs. Les terrains devront être livrés le 1er janvier 1881, afin que le nouvel édifice puisse être terminé pour la rentrée de novembre 188’. Les 1,500,000 francs à payer à la ville pourraient au besoin être fournis par les économies que l’École a réalisées depuis qu’elle est à l’état, de sorte qu’il ne resterait plus qu’à trouver les 3,500,000 francs nécessaires pour l’édification de la nouvelle École; il faudrait alors, pour reconstituer la réserve, élever un peu le taux du prix d’études, qui serait porté à 1,000 francs; mais peut être préférera-t-on laisser ce prix fixé à 800 francs, et dans ce cas on ne toucherait pas à la réserve de l’École. Quelle que soit la résolution à laquelle on s’arrête, tout fait espérer que, grâce au bon vouloir dont tout le monde a fait preuve en cette occasion, l’École centrale gardera son rang parmi les grandes institutions qui font de Paris le centre intellectuel de l’Europe.


R. R.


Le directeur-gérant, C. BULOZ.