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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 août 1879.

Il faut bien convenir que, si les sessions parlementaires, surtout les sessions qui se prolongent, ont leurs abus et leurs dangers par les excitations qu’elles entretiennent, le désœuvrement des vacances politiques n’est pas non plus sans inconvéniens. Il a toute sorte d’effets bizarres sur certaines imaginations, ce désœuvrement à la fois désiré et importun. Il ne tarde pas à produire ses fruits de polémiques vaines, de fables ridicules, d’incidens aussi puérils qu’éphémères. A défaut des affaires sérieuses, on s’évertue, ne fût-ce que pour réveiller l’attention endormie, à exagérer tout ce qu’il y a de plus insignifiant et à supposer souvent ce qui n’existe pas, ce qui n’a jamais existé.

Il y a sans doute les conseils généraux qui viennent d’être réunis pendant quelques jours, dont la session est à peine close, et, à dire vrai, si on le voulait, ces assemblées locales pourraient offrir une digne et utile manière d’occuper l’opinion. Il faudrait les prendre pour ce qu’elles sont, sans exagérer et sans diminuer leur rôle, sans dépasser 10 tes les limites et sans affecter une réserve méticuleuse. On n’aurait certes pas besoin de continuer dans ces modestes conseils des luttes passionnées de tribune, qui seraient d’ailleurs dénuées de sanction et que la loi interdit. Il resterait encore assez de questions à examiner, assez d’intérêts publics à défendre, assez de discussions utiles et pratiques à engager sur l’économie administrative, sur les réformes désirables, sur l’enseignement, sur ce régime commercial qui attend toujours d’être réglé, d’où dépend l’essor du travail et de la fortune nationale. Pourquoi des hommes de talent et d’instruction ne s’efforceraient-ils pas de relever l’importance de ces assemblées en les entretenant sans prétention, sans déclamations vulgaires, de tout ce qui émeut, intéresse ou préoccupe le pays? Ils ne violenteraient pas la loi, ils la féconderaient par un usage impartial et instructif pour tout le monde ; ils feraient de ces assemblées locales un ressort plus actif de la vie nationale.