lesquelles il a échoué une première fois. La désorganisation parlementaire est une des faiblesses de l’Italie, et la moralité de toute cette histoire d’hier et de demain pourrait bien être dans ce que disait il y a peu de jours à Naples M. Nicotera, qui, après avoir été un des collègues de M. Depretis, a contribué récemment à sa chute, qui paraît aujourd’hui se rapprocher de M, Sella. M. Nicotera avouait tout haut que la gauche avait commis plus de fautes en trois ans que la droite en seize années. L’aveu est précieux venant d’un ancien garibaldien, et, s’il n’est pas dès ce moment l’épitaphe du règne de la gauche, il peut être le commencement d’une situation nouvelle, le prélude de combinaisons inattendues au delà des Alpes.
On ne peut pas dire que la Hollande soit un de ces pays qui font toujours parler d’eux, dont l’histoire se compose de conflits, d’incessantes agitations, de bruyantes crises ministérielles ou parlementaires. La Hollande a la bonne fortune de vivre paisible, à l’abri des révolutions, avec sa monarchie constitutionnelle universellement respectée, et sa dynastie dont la popularité a semblé se raviver dans les deuils qui l’ont récemment atteinte, la mort du prince Henri, la mort du prince d’Orange. Ces deuils successifs, le nouveau mariage du roi célébré dans l’intervalle, tous ces incidens, par les manifestations populaires dont ils ont été l’occasion, ont montré une fois de plus combien le sentiment national restait fidèle à la maison d’Orange, à cette personnification traditionnelle des destinées néerlandaises. Au milieu de ces démonstrations dynastiques et de cette vie habituellement calme cependant, la Hollande elle-même semble être entrée depuis quelque temps dans une phase assez indéfinissable d’incohérence politique. Elle a, elle aussi, comme bien d’autres pays en ce moment, sa crise ministérielle qui se prolonge sans pouvoir se dénouer, qui tient moins à des antagonismes bien dessinés qu’à une certaine neutralisation de partis, à une certaine confusion parlementaire, peut-être aussi à des influences assez difficiles à saisir.
Voici déjà quelques mois que se déroule en Hollande cette situation, voilée un instant par les deuils dynastiques et par les fêtes du mariage du roi. Dès le commencement de la session des états-généraux, on pouvait s’apercevoir que le ministère libéral modéré, qui a pour chef M. Kappeyne, aurait quelque difficulté à vivre. On pouvait distinguer que, s’il y avait parmi les partis conservateurs, protestans et catholiques, une recrudescence d’opposition excitée ou entretenue par l’exécution de la loi nouvelle sur l’enseignement primaire, il y avait parmi les libéraux un certain refroidissement, des scissions de nature à affaiblir le concours dont le gouvernement avait besoin. Les plus impatiens parmi les libéraux, les progressistes, reprochaient au cabinet de ne pas marcher d’un pas assez résolu dans la voie des réformes, de trop céder, à l’esprit de transaction ou de temporisation. Bref, le cabinet de La