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circonstances particulières exigeant une étude attentive et certaines difficultés d’exécution, sa possibilité ne saurait faire question. 3° Le coût de construction de ce canal et des ports avec tous les accessoires nécessaires sera au moins de 100 millions de dollars, — 500 millions de francs, et le coût de toute autre route excéderait de beaucoup cette somme. 4° Lorsque toutes les dispositions. préliminaires auront été prises, le temps pour la construction ne devra pas excéder dix années. 5° Un canal interocéanique à travers le continent devra être placé sous la protection de toutes les nations intéressées, et elles devront garantir, non-seulement la neutralité du canal et de ses ouvrages, mais encore d’une zone de terre contiguë de chaque côté d’au moins 59 milles de large, et d’une zone maritime aux deux extrémités d’au moins 100 milles dans chaque direction, le long de la côte, et s’étendant à égale distance au large. Signé : A.-A. Humphreys, brigadier général, chef du corps du génie ; G.-P. Patterson, surintendant du corps hydrographique ; Daniel Ammen, chef du bureau de la navigation.


III

Les membres du congrès qui se trouvaient réunis le 15 mai au siège de la Société de géographie de Paris connaissaient-ils ces travaux du gouvernement américain ? Nous avons dû le croire en entendant leur président, M. F. de Lesseps, inviter les commissions de statistique, d’économie commerciale, de navigation, la commission technique, celle des voies et moyens, à déposer leurs rapports dans le délai d’une semaine. Huit jours pour étudier, résoudre une question qui motive des commissions de cette importance ! « Il eût fallu des mois entiers, s’est écrié le président de la commission du commerce, M. G. Levasseur, pour réunir tous les documens, pour les contrôler, en déterminer la valeur exacte, et vous nous, donnez quelques jours à peine ! »

Ces mêmes membres du congrès étaient-ils tous bien compétens pour émettre une opinion sur un problème de cette grandeur, exigeant non-seulement du temps, mais encore des connaissances absolument spéciales ? Il est permis d’en douter en voyant figurer sur la liste du congrès international d’études des noms, à coup sûr célèbres par leur entente des affaires de bourse, des spéculations hardies, mais aussi parfaitement étrangers à la science des ingénieurs qu’à celle des géographes. On s’en est bien aperçu lorsqu’est arrivé le moment du vote, et nul n’a été surpris du nombre d’absences ou plutôt d’abstentions qui se sont produites. Est-ce pour ne pas déplaire à l’illustre président du congrès, qui a manifesté hautement et en toute occasion une préférence marquée