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États-Unis. Cet homme éminent a apporté dans ses études les mêmes soins que l’honorable commandant Selfridge avait apportés dans ses travaux sur le Darien. Le tracé qu’il a mis en avant et que nous allons indiquer s’est trouvé du reste conforme au projet de l’Américain Orville Childs, le premier qui, en 1849, ait relevé exactement la route par le lac de Nicaragua, et indiqué le point de passage le plus propice à l’établissement d’un canal maritime à travers l’isthme de Rivas. Les projets de Félix Belly et de Thomé de Gamond n’ont été, — dans une certaine mesure, — que des copies du tracé préparé par M. Orville Childs.

D’après le projet de MM. Lull et Menocal, le tracé du canal au Nicaragua partirait du port de Brito sur le Pacifique ; il remonterait la vallée de Rio-Grande jusqu’à Las Serdas par un canal latéral ; puis, par onze écluses à peu près également espacées, il serait amené jusqu’à la côte ou hauteur de 32m,80, niveau des eaux les plus élevées du lac au-dessus du niveau moyen des deux Océans. Le point culminant de l’isthme de Rivas serait coupé au seuil du lac Harcones par une tranchée de 48 mètres de profondeur. Le tracé gagnerait ensuite le lac par la ligne de Rio-Medio, laquelle passe un peu au sud de Rivas, et traverserait le lac pour gagner la naissance du fleuve San Juan. Jusqu’au confluent de la rivière San Carlos, le canal suivrait le cours du San Juan, divisé en biefs échelonnés, séparés les uns des autres par de grands barrages et quatre écluses. À partir du confluent de la rivière San Carlos, le canal serait établi latéralement sur la rive gauche du fleuve, tantôt en déblais et remblais dans les vases et sols d’alluvions des nombreux petits affluens du San Juan et de son delta, tantôt en déblais à travers les éperons des montagnes qui viennent aboutir au fleuve ; ce canal latéral, d’un parcours de 68 kilomètres et muni de sir écluses, aboutirait sur l’Atlantique au port de San Juan del Norte.

Jusqu’au confluent de San Carlos, les eaux du San Juan sont parfaitement limpides, tous les apports en limons, sables et vases charriés par les nombreux affluens du lac se déposent dans les grands fonds du fleuve. Celui-ci, malheureusement, reçoit sur sa rive droite deux rivières considérables, le San Carlos et le Sarapiqui, venant des montagnes volcaniques de Costa-Rica. Ces rivières gonflées par des orages, roulant des vases et des sables, précipitent jusque dans les eaux du San Juan des arbres arrachés avec leurs encombrantes racines aux berges du fleuve. Ces débris obstruent la navigation ou la rendent très périlleuse. Pour n’avoir point à lutter contre ces difficultés, il a été proposé d’établir le canal en dehors du lit du fleuve, ce qui n’offre en somme rien de difficile à exécuter. MM. Lull et Menocal donnaient à leur canal, — dans la coupure du seuil de Los Harcones, — une largeur de 29m,30 à la