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Ce ne serait pas donner une idée complète de la guerre que Dubois fit à l’intolérance que ne pas rappeler sa défense de l’Université contre la réaction religieuse. On a tellement oublié ces temps-là, et ils ont été depuis si poétisés souvent par ceux-là mêmes qui en avaient été les plus véhémens adversaires, mais qui ont aimé dans la restauration « le souvenir de leur jeunesse, » qu’il est utile de se remettre sous les yeux le tableau de ce que fut alors le gouvernement de l’instruction publique : « Tous les anciens recteurs chassés, presque tous remplacés par des prêtres ; les trois quarts des provisorats des collèges royaux, toutes les principautés des collèges communaux occupés par des prêtres, tous les professeurs indépendans chassés de leurs chaires ; l’École normale détruite, ses élèves poursuivis dans toutes les directions ; le haut enseignement de la capitale éteint, toutes les facultés des lettres et des sciences dans les provinces ou fermées ou réduites à des leçons insignifiantes ; les chaires d’histoire supprimées, l’enseignement de la philosophie ramené à un latin barbare, etc. Voilà ce que nous avons vu pendant quatorze ans ; car nous osons à peine compter deux ou trois années de répit, où M. Royer-Collard s’efforça d’arrêter le mal, mais où lui-même, impuissant contre l’intrigue, succomba de lassitude et de désespoir. » Tous les faits signalés par Dubois sont incontestables : ils nous montrent ce que c’est qu’un gouvernement clérical dont on parle quelquefois comme d’un fantôme inventé par les libéraux. Nous ne voulons pas de réaction ; mais à ceux qui seraient trop tentés d’accuser le présent, nous demandons de vouloir bien se souvenir du passé.


IV

La liberté politique occupe moins de place dans les Fragmens de M. Dubois que la liberté religieuse ou la liberté littéraire. La raison de ce fait est facile à comprendre. Le Globe, à son origine, était un journal littéraire et philosophique, non politique. C’était un journal de principes et de doctrines : il ne s’était pas donné pour rôle de suivre dans ses incidens quotidiens la lutte politique engagée sous la restauration, il ne pouvait y toucher qu’indirectement par le côté religieux et philosophique. Cependant, devenu plus tard journal politique, le Globe eut dans quelques circonstances à s’expliquer sur ce terrain, et il y trouva l’occasion de manifester les mêmes principes de haut libéralisme que dans les questions religieuses. Nous signalerons surtout celles de ces circonstances où les principes