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suppression de l’École normale et de l’épuration universitaire. Il fut mis en congé en même temps que Cousin, Guizot, Jouffroy, tous ceux qui illustraient le plus l’Université. Enlevé aux fonctions de son choix et de son cœur, il devint journaliste.

Ce fut en 1824 que Dubois fonda le Globe avec la collaboration de Pierre Leroux. Celui-ci avait eu la première idée ; mais ce n’était qu’un germe. Il voulait faire de ce journal, dont il avait trouvé le titre, un centre d’informations recueillies sur toute la surface du globe, quelque chose de semblable à ce que devait être aussi à l’origine, la Revue des Deux Mondes, Mais en France toute idée, quelque positive qu’elle puisse être à l’origine, devient bien vite générale et prend une forme littéraire et philosophique ; c’est ce qui est arrivé à la Revue, dont la sphère s’est étendue rapidement fort au delà du cercle primitif. C’est ainsi que le Globe entre les mains de Dubois devint aussitôt un recueil littéraire et philosophique tout différent de celui qu’avait rêvé Pierre Leroux. Celui-ci n’était pas encore le philosophe célèbre qu’on a connu. Au Globe, il fit son éducation ; ce sont les idées du Globe, qui, agrandies et transformées par l’influence des saint-simoniens, devinrent plus tard sous sa plume le noyau d’une philosophie originale ; mais alors il n’était guère, s’il est permis de le dire, qu’une utilité. Ce fut Dubois qui conçut la pensée de fournir un centre, un organe à la jeune pensée du siècle, en dehors des deux camps extrêmes, hostiles l’un à l’autre, attachés à deux passés contraires, le moyen âge et le XVIIIe siècle. Dégager cette pensée nouvelle des aspirations confuses où elle s’enveloppait encore, et, sans toucher à la politique (on le croyait du moins), éclairer les voies de la littérature et de la philosophie, enfin rassembler tous les jeunes talens dans une œuvre d’avenir, telle fut l’idée de Dubois, que justifia le succès. Le Globe, fondé en 1824, dura jusqu’à 1830, époque où, les événemens le rendant inutile, il passa en d’autres mains, celles des saint-simoniens. Il y a donc eu deux Globes, le Globe de la restauration, organe du libéralisme sous l’inspiration de Dubois, et le Globe saint-simonien, sous la direction d’Enfantin. C’est du premier seulement qu’il peut être question ici.

Peu de recueils ont eu une collaboration plus brillante que celle du Globe. Presque tous les noms illustres de notre siècle se sont rencontrés sur ce terrain. Une note rédigée par un témoin nous donne en détail l’historique curieux de cette collaboration, le nom de ses principaux rédacteurs et l’indication de leurs articles. Cette note est d’un grand intérêt historique, car, les articles n’étant pas signés, personne ne pourrait, dans quelques années, en reconnaître les auteurs. On savait déjà que Jouffroy avait été un des principaux