seconde face comme on l’avait fait pour la première. Enfin la lamelle ayant atteint la minceur cherchée, doit être décollée, nettoyée des grains d’émeri qui la salissent, puis définitivement transportée entre deux lames de verre, où on la fixe à l’aide d’un enduit résineux. Les roches les plus compactes, celles qui sont douées en apparence d’une opacité complète, soumises à une manipulation de ce genre, se laissent user et réduire en lamelles au travers desquelles on lit facilement les petits caractères d’imprimerie. Le granit le plus dur, le basalte le plus foncé sont aisément amenés à l’état d’une pellicule épaisse seulement de 1 à 2 centièmes de millimètre, et comparable par sa minceur, sa flexibilité et sa transparence à la plus fine pelure d’oignon.
L’opération s’exécute plus commodément encore quand on dispose, soit d’une petite meule, soit d’un tour de lapidaire. Il n’est besoin ni d’un apprentissage prolongé, ni d’une grande habileté manuelle, mais seulement d’un peu de patience et de soin. Lorsqu’une substance minérale est de dureté moyenne et passablement cohérente, il suffit d’une demi-heure de travail pour la réduire en lamelle mince propre aux observations microscopiques.
Nicol, en imaginant le procédé que nous venons de décrire, ne s’était pas contenté de l’indiquer ; il l’avait mis en pratique, fournissant des exemples de ces applications à chacune des branches de l’histoire naturelle. Aux zoologistes, il a montré la manière d’obtenir des sections minces de dents ; aux botanistes, il a fourni des coupes de bois fossiles ; pour les minéralogistes, il a taillé des agates. Depuis lors, la méthode qu’il avait inaugurée n’a pas cessé d’être mise en usage pour la taille de toutes les substances dures d’origine organique. Dès 1831, le botaniste Witham, mettant à profit les indications et l’aide de Nicol, son ami, commençait ses belles recherches sur la constitution des bois silicifiés. Au grand étonnement des naturalistes, il montrait que ces substances avaient conservé leur structure et les particularités les plus intimes de leur organisation.
Néanmoins, après la publication du procédé de Nicol, il s’est écoulé un intervalle de trente ans, durant lequel les minéralogistes et les géologues ont paru demeurer indifférens au nouveau moyen d’étude qu’il leur avait offert. Un grand nombre d’entre eux sentaient pourtant la nécessité des observations microscopiques appliquées à l’examen des minéraux et des roches. Longtemps avant la publication du procédé de taille proposé par Nicol, et avant que le microscope eût acquis la puissance optique que lui ont donnée les perfectionnemens modernes, l’emploi de cet instrument avait été déjà vivement recommandé par Dolomieu, Fleuriot de Bellevue,