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ex-saint, et prendre des informations. Voir chez ses parens qui demeurent rue des Feuillantines. Pour le délégué civil (signature informe). Préfecture de police ; cabinet du préfet. »

Dans les premiers temps de la commune, on se contentait d’envoyer des fédérés dans les églises ; ils y arrêtaient les prêtres, cassaient les vitres, mettaient les aubes par-dessus leur vareuse, dansaient devant l’autel, et rapportaient à la sûreté générale ce qu’ils n’avaient point gardé pour eux. Il y eut là des abus, comme put le dire sérieusement un des fantoches de l’Hôtel de Ville, des abus auxquels on trouva sage de remédier. Dès lors on délégua un commissaire de police spécial qui dut faire la perquisition, une saisie, un procès-verbal. C’est ce qui s’appelait agir régulièrement et en conformité aux prescriptions de la loi ; car il est à remarquer que jamais on ne prostitua plus les mots loi, légalité, qu’à cette époque qui fut, du premier au dernier jour, la violation permanente et résolue de la légalité et de la loi. J’ai sous les yeux le procès- verbal, en date du 18 mai 1871, dressé par le commissaire de police du quartier Vivienne et contenant le détail des objets « saisis » à l’église Notre-Dame-des-Victoires ; c’est très bien fait, sauf que les nombres sont écrits en chiffres et non pas en lettres, ce qui peut permettre les surcharges. On relate minutieusement les croix, les médailles, les calices, les titres de rente trouvés dans l’église et dans la sacristie ; on a même soin d’indiquer « un médaillon antique forme moyen âge. » L’acte est signé par le « commissaire aux délégations : Le Moussu, » et par quatre témoins. La nomenclature est complète, mais elle ne contient pas le nom des vicaires arrêtés, incarcérés et qui plus tard réussirent à sauver leur vie à la Grande-Roquette en résistant aux assassins conduits par Isidore François et par Théophile Ferré.


III. — LES CONGREGATIONS RELIGIEUSES.

Du haut en bas de la commune, on s’était donné le mot ; on criait au prêtre comme on eût crié au loup ! La presse meurtrière et délatrice, s’inspirant des souvenirs de Marat, harcelait toutes les délégations et les accusait de manquer d’énergie : une fois pour toutes, il faut en finir ; l’humanité ne respirera que le jour où nulle religion ne subsistera. Cette vipère de Vermesch sifflait sa prose empoisonnée dans le Père Duchêne. Devant les prêtres, la commune grinçait des dents et semblait vraiment prise de folie furieuse, folie qui se communiquait par sympathie et dont plus d’un cerveau fut atteint. On pousse au meurtre, on adjure la commune de ne point faiblir et