Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 34.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

congrégations religieuses : « Le résultat des perquisitions faites dans plusieurs établissemens religieux a un grand retentissement dans la presse. Tous les journaux sans exception s’en occupent et donnent des détails qui ne rendent plus douteux les actes de turpitude et de débauche dont ces établissemens furent le théâtre. À ce sujet le Réveil du peuple demande qu’on ouvre à deux battans à la foule les portes des couvens, pour que chacun puisse vérifier les cachots souterrains, les cellules, les instrumens de supplice ou de plaisir, et attester, plus tard, les faits scandaleux qui ont déshonoré pendant des siècles l’humanité. » L’arrêté de Cournet, que j’ai cité, a dit : « Il serait contraire à la moralité publique de laisser déverser la diffamation et l’outrage. » Ce sont ces hommes si susceptibles lorsqu’il s’agit d’eux-mêmes qui inventent sur les communautés religieuses des calembredaines tellement ridicules qu’il en faudrait rire si elles n’avaient servi de prétexte à des vexations, à des vols, à des violences, à des assassinats.

La commune voulait accaparer la presse à son profit et forcer tous ses adversaires au silence ; c’était sa façon de comprendre et d’appliquer un de ses prétendus principes fondamentaux. La liberté de la presse ne lui plaisait guère, elle l’a suffisamment démontré ; en revanche la constitution de la famille telle qu’elle est consacrée par nos lois civiles et religieuses ne lui plaisait pas davantage. Que tout le monde se taise, c’est bien ! mais au moins que l’immoralité soit libre et qu’elle n’ait plus à « gémir sous le joug des préjugés. » Pour cela, que faut-il ? Bien peu de chose. Soustraire les ; enfans à l’autorité de leurs ascendans, et légitimer toutes les naissances. Cela était facile, et ce fut Vésinier qui se chargea de libeller un décret que la rentrée des troupes françaises réduisit à l’état de simple projet. On le proposa aux méditations de la commune dans la fameuse séance du 17 mai, celle-là même où Urbain demanda l’exécution, immédiate des otages. On abroge la loi du 8 mai 1816, afin de rétablir le divorce : tous les enfans reconnus sont légitimes ; tous les enfans non reconnus sont reconnus par la commune et légitimés ; « tous les citoyens âgés de dix-huit ans et toutes les citoyennes âgées de seize ans qui déclareront devant le magistrat qu’ils veulent s’unir par les liens du mariage seront unis, à la condition qu’ils déclareront en outre qu’ils ne sont pas mariés, ni parens jusqu’au degré qui, aux yeux de la loi, est un empêchement au mariage. Ils seront dispensés de toute autre formalité légale. » La commune n’eut pas le temps de discuter cette motion, et cela est fort regrettable. On aurait su positivement quelles étaient ses opinions motivées sur le mariage, sur les enfans, et comment elle concevait la famille modèle. Penchait-elle