continuellement déverser par certains journaux la diffamation et l’outrage sur les défenseurs de nos droits qui versent leur sang pour sauvegarder les libertés de la commune et de la France… arrête : Les journaux le Petit Moniteur, le Petit National, le Bon Sens, la Petite Presse, le Petit Journal, la France, le Temps sont supprimés. » Ceci est du 5 mai et émane du citoyen Cournet. Le lendemain la commune, sur la proposition Mortier, décide que : « Aucun journal, sauf l’Officiel, sous aucun prétexte n’insérera d’articles touchant aux opérations militaires. » Le 11 mai, Cournet, qui bientôt va quitter la préfecture de police, veut laisser un dernier souvenir aux journaux parisiens, et il interdit la publication du Moniteur universel, de l’Observateur, de l’Univers, du Spectateur, de l’Étoile et de l’Anonyme. Ce n’est pas tout. Le 16 mai, on a jeté bas la colonne de la place Vendôme ; le lendemain 17, la cartoucherie de l’avenue Rapp a sauté. Ce ne peut être que l’œuvre de la réaction, il faut y répondre victorieusement, et le comité de salut public, — impavidum ferient ruinœ, — prend la parole à la date du 18 mai 1871, je me trompe, à la date du 28 floréal an 79 : « Art. 1 : Les journaux la Commune, l’Écho de Paris, l’Indépendance française, l’Avenir national, la Patrie, le Pirate, le Républicain, la Revue des Deux Mondes, l’Echo d’Ultramar, la Justice, sont et demeurent supprimés. Art. 2. Aucun nouveau journal ou écrit périodique ne pourra paraître avant la fin de la guerre. Art. 3. Tous les articles devront être signés par leurs auteurs. Art. 4. Les attaques contre la république et la commune seront déférées à la cour martiale. Art. 5. Les imprimeurs contrevenans seront poursuivis comme complices, et leurs presses mises sous scellés. Art. 6. Le présent arrêté sera immédiatement signifié aux journaux supprimés par les soins du citoyen Le Moussu, commissaire civil délégué à cet effet. Art. 7. La sûreté générale est chargée de veiller à l’exécution du précédent arrêté. — Le comité de salut public : Ant. Arnaud, Eudes, Billioray, F. Gambon, G. Ranvier. » Donc, en deux mois, trente-deux recueils périodiques sont supprimés ; dans Paris, on n’entend plus guère que les hoquets du Père Duchêne.
Le Journal officiel, dont on a confié la rédaction en chef à Vésinier, par un décret du comité de salut public, daté du 12 mai, est-il donc seul à recevoir et à transmettre les confidences de la commune ? — Moi, dis-je, et c’est assez ! — non ; singeant avec persistance les gouvernemens réguliers, les hommes de l’Hôtel de Ville ont organisé un bureau de la presse où tous les journaux, — il en existe bien peu, — peuvent être certains de recevoir les renseignemens frelatés qui tromperont leurs lecteurs. Une feuille autographiée est rédigée chaque jour et divisée en quatre rubriques