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LA
COMMUNE À L'HÔTEL DE VILLE

IV.[1]
LES LIBRES PENSEURS.


I. — LA LIBERTÉ DE LA PRESSE.

Comme toutes les émeutes, comme toutes les révolutions, l’insurrection du 18 mars fut faite au nom de la liberté, de la liberté abstraite, c’est-à-dire au nom du principe qui assure à chaque citoyen l’exercice de toutes les libertés, y compris la liberté de la presse. On aurait pu croire, d’après cela, que les triomphateurs de la révolte auraient non pas quelque respect, mais du moins quelque pudeur à l’égard des journaux qui ne partageaient pas leur opinion et qui, comme le disait la Cloche, voulaient la république et répudiaient la terreur. On fut promptement détrompé. Le premier acte collectif du comité central fut de maintenir en prison les généraux Chanzy et de Langourian, arrêtés arbitrairement par la foule, afin de mieux affirmer les droits de la liberté individuelle ; le second fut une attaque directe contre la propriété industrielle, contre la liberté de discussion. Aussitôt que les vainqueurs se sont investis du pouvoir, dans la nuit même du 18 au 19 mars, ils lancent une lettre de cachet rédigée dans un français de fantaisie qui dénote peu de sympathie pour les écrivains : « Ordre au commissaire spécial séant à la préfecture de police de Paris, de saisir le journal le Figaro ainsi que son personnel et d’empêcher militairement la presse

  1. Voyez la Revue du 15 mai, du 1er et du 15 juin.