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dens qui se succèdent, qui ont été et sont encore un embarras, la plupart n’auraient pas pu être ou évités, ou simplifiés, ou écartés avec un peu plus de décision, avec un sentiment politique plus net et plus résolu ; qu’on se demande si depuis quelques mois on a toujours agi avec cette autorité supérieure et impartiale d’un gouvernement décidé et mesuré dans sa conduite comme dans ses desseins !

Oui, sans doute, on finit par venir à bout de tout avec plus ou moins de bonheur, avec plus ou moins de peine. On a fini par se délivrer de cette maussade affaire Blanqui. La chambre des députés a invalidé l’élection de Bordeaux d’un vote presque unanime. M. Madier de Montjau lui-même s’est prononcé, non sans une certaine éloquence de vieux tribun, contre une validation qui aurait sanctionné une flagrante illégalité. Tout le monde a été d’accord, sauf quelques radicaux, appuyés par quelques bonapartistes. L’élection a été annulée, et, cela fait, le ministère a rendu la liberté au prisonnier de Clairvaux le jour où la grâce n’impliquait plus l’amnistie. La libération décrétée par le gouvernement a payé ou complété l’invalidation prononcée par la chambre, c’est une affaire réglée ; mais enfin n’est-il pas évident que cette singulière aventure de l’élection de M. Blanqui n’est devenue ce qu’elle a été un instant, un véritable embarras, que par une série d’hésitations et de fausses, démarches, par une apparence d’indécision qui a laissé jusqu’au bout quelque espoir aux partisans du vieux santon révolutionnaire ? Encore reste-t-il à savoir si l’incident est bien réellement clos, s’il ne renaîtra pas par la fantaisie obstinée des radicaux de la bonne ville de Bordeaux, et s’il n’y aura pas une nouvelle crise dont M. Blanqui sera le héros ! Ceci regarde l’avenir ; pour le moment, la phase de la première élection est terminée, et c’est fort heureux.

Oui, sans doute, on va en finir aussi avec une autre affaire qui n’est pas moins épineuse, avec le retour des chambres à Paris. A l’heure qu’il est, le sénat délibère sur la proposition qui a été faite il y a quelques mois et qui a été l’objet d’un rapport de M. Laboulaye. Le ministère y a mis du zèle, il a trouvé le secret de garanties infaillibles pour rassurer le sénat sur les inconvéniens du retour à Paris. Il a écarté, bien entendu, tout ce qui aurait été trop significatif, tout ce qui aurait touché à la préfecture de police, au conseil municipal. Il a imaginé, tout un système préservatif, avec une zone interdite aux rassemblemens autour des chambres, avec une garde militaire spéciale affectée au service législatif et avec le droit pour les deux assemblées de revenir à Versailles quand elles le voudront. On ira à Versailles dans les grands jours, particulièrement pour la réunion des chambrés en congrès ; on restera au Luxembourg ou au Palais-Bourbon les jours non fériés. Le sénat, on n’en peut douter, se rendra sans résistance à des propositions qui, à vrai dire, n’exigeaient peut-être pas