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Amiens ? aux travaux que M. Perronne ou M. Sauvestre exécutent à Paris ? Peut-être quelque jeune artiste encore inconnu est-il destiné à l’obtenir et à recevoir ainsi la maîtrise.

En tout cas l’intervention de la Société centrale des architectes dans le mouvement général de l’art est un fait important et qui demande à être mis en grande lumière. Ses encouragemens, elle ne se contente pas de les donner à l’architecture privée, elle les étend à l’archéologie ; elle fonde des prix en faveur des établissemens d’enseignement, officiels et libres. Enfin elle donne sa médaille comme un témoignage de haute estime à d’honorables entrepreneurs de travaux publics, à des artistes industriels, à des ouvriers du bâtiment. Nous ignorons si une autre Société composée aussi d’architectes éminens, la Société nationale, donne des prix. Mais quelle que soit l’action qu’elle exerce, elle a toujours la même signification ; elle montre l’active sollicitude de la corporation des architectes pour tout ce qui peut concourir à l’honneur et au progrès de l’art qu’elle exerce.

Dans ce grand travail de l’architecture, il y aurait injustice à méconnaître la part qui revient aux départemens et aux villes. C’est ainsi que M. Suasso a dressé pour être exécuté à Tours un projet d’école municipale, et que M. Duchaussé a étudié la restauration du château de Nemours pour le convertir en hôtel de ville. L’an dernier le commissariat général de l’exposition universelle avait fait ériger des constructions qui malheureusement étaient destinées à disparaître malgré tout le talent qu’y avaient déployé leurs auteurs. Nous n’en revoyons qu’avec plus de plaisir le palais algérien de M. Wable, d’un caractère si agréable et si juste ; la façade des états de l’Amérique centrale et méridionale sur la rue des Nations par un jeune architecte qui porte un nom cher aux arts, M. Vaudoyer ; enfin le pavillon de l’Union des arts céramiques qu’avait construit M. Deslignières. De leur côté de vaillans artistes poursuivent des travaux personnels : M. Corroyer ajoute à sa Monographie du Mont-Saint-Michel, une étude du cloître ; M. de Baudot communique au public l’esquisse qu’il a faite d’un musée des arts décoratifs qui serait en même temps une école.

Ne nous faudrait-il pas aussi des mémoires explicatifs quand il s’agit de projets qui ont, comme celui de M. de Baudot, des exigences spéciales. Au même ordre de travaux se réfèrent l’asile de nuit, avec les fourneaux et chauffoirs faits en collaboration par MM. Aurenque et Constant Bernard, le groupe scolaire de M. Lettorel. Dans de pareilles études, les formes de l’art sont évidemment subordonnées, réduites à une expression des plus simples, car tout réside dans la convenance et dans l’appropriation, tout tend