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et cependant une vraisemblance idéale à laquelle les élévations géométrales peuvent être portées par un artiste véritable. L’impression que produit ce projet serait plus grande, l’œuvre serait plus complète, si l’auteur avait joint aux dessins que nous avons sous les yeux une vue perspective des monumens de l’Acropole prise des portes intérieures des Propylées. Les Grecs n’entendaient pas la symétrie de la même manière que nous, et nous pensons avec M. Choisy que les disymétries des plans devant lesquelles ils ne reculaient jamais étaient rachetées par une symétrie perspective parfaite. Dans l’ensemble décoratif de l’Acropole et pour l’effet qu’il devait produire, il est certain que le colosse de la Minerve Promachos était destiné par sa masse à faire équilibre au Parthénon. Eh bien, seule, une vue perspective prise du point où l’on débouche sur le plateau serait de nature à faire comprendre cet effet d’ensemble, et par suite à permettre de déterminer avec exactitude la hauteur de la statue dont on ne connaît qu’imparfaitement les dimensions. Ce dessin, exécuté comme M. Lambert pouvait le faire, donnant l’idée, en même temps que de la physionomie des édifices, de la majesté du lieu, eût été parfaitement justifié : nous croyons qu’il eût grandement attiré l’attention.

M. Loviot, qui est aussi pensionnaire de l’Académie de France, a également envoyé au Salon une restauration : celle du Monument chorégique de Lysicrate à Athènes. Ce projet porte sui un édifice de petites dimensions dont le plan ne prête point à la discussion. Ce n’est d’ailleurs qu’une préparation à un travail plus considérable par lequel M. Loviot doit couronner ses études. Celui que nous avons sous les yeux est rempli d’intérêt : il nous offre un exemple presque unique, des formes que les Grecs avaient données à l’ordre corinthien lorsqu’ils l’avaient créé. Il n’est pas nécessaire d’être bien profondément versé dans l’architecture pour saisir ici et du premier coup d’œil la différence qui existe entre ce protocorinthien grec et le corinthien qui est employé dans des monumens tels que la Bourse et la Madeleine. À n’établir la comparaison que sur le chapiteau, qui est le membre le plus essentiel de cet ordre, voyez quelle différence ! Comme les proportions du chapiteau grec sont plus élancées ! Remarquez la grande séparation qui se trouve entre les volutes et le feuillage ; et ces fleurons qui soutiennent les feuilles d’acanthe vers leur milieu ; et cette substitution de feuilles d’eau à la première rangée des acanthes ; admirez comme ce bouquet architectural sort élégamment de son gorgerin de bronze. Une particularité que l’on ne peut s’empêcher de faire observer parce qu’elle porte sur un point tout à fait caractéristique, c’est la légèreté extrême de la sculpture de ce