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que tout le plateau de la colline est déblayé, le moment semble favorable pour se livrer à des investigations qui donnent des résultats définitifs. Mais le génie grec est si riche et ce qu’il embrasse si profond qu’on travaille toujours à le connaître sans rencontrer jamais sa limite. Aujourd’hui M. Lambert arrive à son tour, apportant son contingent d’hypothèses et aussi de découvertes ; sans doute il n’aura pas dit le dernier mot. Il s’est donné pour tâche de reconstituer les monumens de l’Acropole tels qu’ils existaient au temps de Périclès ; il paraît avoir consulté avec le plus grand soin le terrain et les textes. Il n’aura point ajouté aux travaux de Penrose sur la convexité des soubassemens et des architraves qui sont de principe dans l’architecture attique, ni aux observations de M. Choisy sur les cas de disymétrie que l’on remarque soit dans les lignes de détail, soit dans l’ensemble des édifices qu’il a relevés. Sans négliger les considérations d’un ordre délicat, l’auteur a surtout embrassé les questions d’ensemble. Ce qui frappe au premier coup d’œil dans son projet de restauration, c’est la suppression entière de l’escalier des Propylées et la détermination faite pour la première fois de la maison des prêtresses Erréphores. Faire disparaître l’escalier des Propylées, ne tenir compte ni de la découverte de Beulé, ni de ce qui avait été plus universellement admis jusqu’ici, c’est-à-dire des degrés qui, partant du palier où aboutit le chemin de l’Acropole, donnent immédiatement accès aux portes de la citadelle, c’est hardi, et cependant ce n’est pas impossible. Pourtant, nous l’avouerons, quelle que soit la force des raisons sur lesquelles on se fonde, il nous est pénible de renoncer à ce bel escalier que M. Desbuisson et M. Boitte s’étaient crus autorisés à restituer. Sans se laisser aveugler par le succès de ses fouilles, Beulé, le premier, avait discuté l’existence de l’escalier tout entier. Mais il avait cru pouvoir conclure surtout en faveur des degrés qui précèdent immédiatement les Propylées : il en constatait les amorces dans les substructions. Aujourd’hui le débat ne pourrait être repris utilement que sur place. Entrons donc sous cette réserve dans les raisons de M. Lambert : ce sont celles que M. Burnouf a données dans son ouvrage sur l’Acropole d’Athènes publié en 1877.

Pour justifier l’opinion nouvelle, on invoque la nécessité de ne point interrompre l’antique voie sacrée, voie vénérée par où arrivaient les processions conduisant avec elles les animaux voués aux sacrifices. Comment un pareil cortège eût-il franchi les degrés de marbre dont les restes ont paru jusqu’ici appartenir à l’œuvre de Mnésiclès ? M. Lambert s’appuie également sur une considération tirée du monument d’Agrippa, qui, placé de biais, mord de travers sur les marches avec lesquelles il était de règle, il était naturel et