Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 33.djvu/812

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
COMMUNE A L'HOTEL DE VILLE

III.[1]
LES ADMINISTRATEURS.


I. — LA REACTION.

Par suite d’un hasard qui ressemble singulièrement à de la préméditation, la commune a incarcéré et mis à mort les gendarmes, les magistrats et les prêtres, c’est-à-dire ceux qui arrêtent les scélérats, ceux qui les condamnent, ceux qui les adjurent, au nom du salut éternel, de renoncer à leurs crimes. On pourrait croire, d’après cela, qu’elle a voulu déchaîner la bestialité des foules contre la civilisation et briser à jamais les conventions sur lesquelles l’expérience a bâti le monde social. On se tromperait. La commune, cette commune dont Paris a subi le joug avec horreur, cette commune qui a été non pas un ensemble de doctrines, mais un ensemble d’appétits, la commune où brillèrent Raoul Rigault, Théophile Ferré, Emile Eudes, Gabriel Ranvier, Parisel, que servirent avec dévoûment Edmond Mégy, Emile Gois, Genton, François, Sérizier, la commune a été une ère de réaction. Elle le dit, et on peut la croire. Au-dessous d’elle s’agitait une tourbe pour laquelle le vol, le viol et l’assassinat étaient une sorte de besoin instinctif. C’étaient les malfaiteurs dans la pire acception du mot, sortant du bagne, destinés à y « rentrer, et dont l’ambition était de détruire une société qui pèse insupportablement sur eux par le seul poids des lois consenties. La

  1. Voyez la Revue du 15 mai et du 1er Juin.