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leurs enfans ? Trouve-t-on que c’est là du sentiment, que les argumens tirés de la liberté de conscience, du droit, de la justice sont sans force et sans valeur ? Eh bien, n’en parlons pas. Considérons l’article 7 au point de vue tout positif et tout matériel des finances publiques. Voyons quelles en seraient les conséquences budgétaires. Ici nous n’emprunterons pas nos chiffres à des statistiques particulières ; nous les demanderons à l’administration elle-même.

À la date du 31 décembre 1876, les établissemens d’enseignement secondaire dirigés par des congrégations non autorisées recevaient 19,960[1] élèves tant internes qu’externes, savoir : les jésuites 9,131, les maristes 4,476, les lazaristes 499, les basiliens, picpuciens, doctrinaires, etc., 5,885. Ces établissemens, est-il besoin d’en faire la remarque, ne recevaient aucune subvention de l’état, ni des départemens, ni des communes. Ils se suffisent à eux-mêmes. Est-ce à dire qu’ils imposent aux familles des sacrifices exagérés ? Non, car d’après la statistique officielle la moyenne des frais supportés par les parens pour chaque élève ressort pour le pensionnat à 543 fr. 76, pour la demi-pension à 342 fr. 20, pour l’externat à 133 francs. En sorte que voilà 19,960 élèves qui ne coûtent absolument rien ni à l’état, ni au département, ni aux communes, et dont l’éducation n’impose, en somme, que des sacrifices très raisonnables aux familles.

Or, si nous mettons en regard de cette situation celle des lycées et collèges, que voyons-nous ? En 1876 la subvention de l’enseignement secondaire public s’est élevée pour l’état à 5,568,355 francs, pour les départemens à 467,073 francs, pour les communes à 4,148,626 francs ; soit 10,179,056 francs. En cette même année 1876, le nombre des élèves était dans les lycées de 40,995 ; dans les collèges de 38,636 ; au total 79,631. Divisons maintenant le chiffre de la subvention par celui des élèves : 10,179,056 par 79,631 ; résultat : 127. C’est donc 127 francs qu’il faut prélever chaque année sur les fonds généraux, départementaux ou communaux par tête d’élève dans nos lycées et collèges. D’un côté néant ; de l’autre 127 francs. Mais, objectera-t-on, si l’éducation publique revient plus cher que l’éducation privée, c’est que la clientèle de nos établissemens publics est insuffisante. Versez dans nos lycées les 20,000 élèves qui reçoivent l’enseignement secondaire dans les maisons congréganistes, et vous verrez aussitôt les recettes augmen-

  1. Ce chiffre n’est pas complètement exact : en portant à l’actif des maristes 22 établissemens et 5,000 élèves, la statistique officielle a commis une erreur manifeste ; elle a confondu les maristes proprement dits avec les frères de la société de Marie et les petits frères de Marie, qui sont autorisés. Les maristes n’avaient en 1876 que 6 établissemens et 1,500 élèves.