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L’ÉRUDITION CONTEMPORAINE
ET LA
LITTÉRATURE FRANÇAISE
AU MOYEN ÂGE

Histoire de la langue et de la littérature françaises au moyen âge,
par M. Ch. Aubertin, 2 vol. in-8o. Paris, 1878.

Le moyen âge appartient aux érudits. Ils en ont fait leur chose, leur domaine, leur fief, et depuis tantôt un siècle ils règnent, mais ils règnent souverainement, sur huit ou neuf cents ans de littérature et d’histoire. Nul ne contestera qu’ils aient exercé l’empire pour le plus grand profit de l’histoire. Inférieurs que nous sommes par tant de côtés aux hommes du xviiie et du xviie siècle, nous avons cependant sur eux un avantage. Nous avons appris cet art qu’ils ignoraient, de vivre dans le lointain des temps et de nous faire les contemporains du passé ; l’art de juger les hommes sur les mœurs de leur siècle et de peindre les choses avec les couleurs de leur époque, art difficile, art dangereux, qui mène aisément à l’indifférence critique, au scepticisme moral, art mortel aux convictions fortes, légitime toutefois, puisque enfin nous lui devons quelques-unes des plus belles œuvres de ce temps. Ce serait une criante injustice que de disputer aux érudits leur part et leur part considérable dans cette transformation de la manière d’écrire l’histoire, ou plutôt elle est vraiment leur ouvrage. Mais leurs découvertes, leur méthode, leur influence, ont-elles rendu le même service à la littérature ? C’est une autre question et c’est une autre réponse.