5° la nomination de deux députés généraux seulement que le roi serait tenu d’agréer.
L’assemblée exigea l’accommodement du duc de Sully et du duc de Bouillon ; mais la réconciliation ne fut que sur les lèvres. Sully voulait intéresser l’assemblée à sa disgrâce et la déterminer à faire obstacle au procès dont il était menacé. Il refusait de se démettre volontairement, comme le voulait la cour, de la charge de grand maître de l’artillerie et du gouvernement.
Bouillon fit de grands efforts pour empêcher que l’assemblée ne mêlât les affaires de Sully aux affaires générales des églises. Il traversa les démarches de Sully et alla jusqu’à chercher à refroidir Rohan lui-même. Il lui rendit visite un jour que celui-ci était malade et lui dit que, si grande qu’eût été l’exactitude de Sully, il était bien difficile qu’on ne trouvât pas quelque chose à lui reprocher : « Croyez-vous, lui dit-il, qu’on ne trouvera pas au moins quelque prétexte plausible ? Le roi n’a-t-il pas le droit d’examiner la conduite de ses officiers, et l’assemblée a-t-elle quelque chose à y voir ? De quel droit réclamerions-nous un privilège sur les catholiques ? Monsieur, ajouta-t-il, vous aimez trop le bon ordre, vous faites profession d’une probité trop exacte pour souffrir qu’on entreprenne sur l’autorité du roy la plus légitime. Nous sommes vous et moy ses officiers ; nous avons fait serment de la maintenir ; la justice et la religion nous le demandent, et rien ne nous en peut dispenser[1]. »
Rohan reçut très mal ce discours étrange. Il s’échauffa, et répondit qu’il ne souffrirait jamais qu’on opprimât son beau-père, qu’il ferait son devoir en cette occasion. Bouillon comprit qu’il s’était trompé, il se leva et dit à Rohan : « Je vous ai parlé en ami, vous en userez comme il vous plaira. »
C’est à Saumur que Rohan commença à être regardé comme le vrai chef des protestans. Bouillon poursuivait le duc de Sully d’une haine mortelle depuis la conspiration du maréchal de Biron et l’exil auquel il avait dû se condamner pour échapper aux soupçons d’Henri IV. Rohan tenait naturellement pour son beau-père : il décida l’assemblée à soutenir le vieux ministre qu’on avait dépouillé déjà du gouvernement de la Bastille et de la surintendance des finances et à qui on voulait encore enlever son gouvernement du Poitou. Sur d’autres points, l’influence de Bouillon l’emporta. Les ministres étaient inquiets de sa modération et de sa complaisance pour la cour, mais ils n’osaient se révolter contre lui.
L’assemblée ne voulait pas se dessaisir du droit d’élection directe des deux députés généraux qui étaient les ambassadeurs
- ↑ Histoire du duc de Bouillon, par Marsollier. Paris, 1719, t. II, p. 337.