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princes ; bref, je suis depuis quinze jours de retour, fort content surtout de voir ma sœur des ; Deux-Ponts contente. »

Henri IV pourtant commençait à méditer sont « grand dessein, » et dès le mois de janvier 1605, Villeroy confiait sous le sceau du secret à Du Plessis-Mormay[1] que le roi ordonnait trois régimens nouveaux pour entamer la guerre au printemps du côté des Flandres ; l’un était pour M. de Soubise, frère du duc de Rohan, le second pour M. Boves, le fils de M. Du Plessis[2], le troisième était encore douteux entre M. de Béthune et le fils de M. de Favas. L’ambassadeur d’Espagne et le nonce eurent vent de ces projets, et l’ambassadeur d’Espagne déclara à Henri IV que, si ces nouvelles levées étaient faites, son roi déclarerait la guerre à la France. Il fallut ajourner l’exécution de ces projets, et nous n’en parlons que pour faire voir qu’Henri IV voulait y convier tous les représentans des grandes maisons huguenotes.

Les plaisirs de la cour ne suffisaient pas à Rohan. En 1606, il quitta secrètement la France pour aller faire la guerre avec le prince Maurice. Henri IV, sur les plaintes de l’ambassadeur d’Espagne et de celui de l’archiduc, feignit de le disgracier.

Le 20 octobre 1606, Rohan était au camp devant Wesel ; il écrivait à son ami M. de La Force pour le prier d’apaiser la colère du roi. Henri IV lui avait écrit lui(même plusieurs fois pour lui commander de revenir ; s’il avait tardé à obéir, c’est seulement qu’il attendait une occasion. « Mon malheur ne m’ayant permis d’en voir, quelque recherche que j’en aie faite et voyant que les armées vont bientôt se retirer, je ne puis que je ne sois en peine, me voyant près de revoir mon maître et ne sachant de quel œil il me regardera. Certes, j’eusse préféré mon honneur à mon contentement et étais prêt de m’en retourner quand je reçus sa dernière dépêche par le pauvre M. de Saint-Angel, qui m’assura que sa majesté. serait fort aise que je me fusse trouvé en quelque bonne occasion, et qu’incontinent après il me conseillait de la retourner trouver, à quoi je me suis résolu et n’ai demeuré si longtemps qu’en espérance de la rencontrer ; ce me serait un déplaisir trop grand que j’apprisse la nouvelle de quelque combat à Flesingue ou à Calais[3]. »

Un mois après, le 25 novembre, il est à Boulogne. Il raconte à La Force qu’il a voulu voir « l’événement du siège de Groll ; » il n’a pu assister à aucun combat et s’est décidé à revenir. Le roi, pour satisfaire l’ambassadeur d’Espagne et l’archiduc, le condamna à se

  1. La Vie de M. Du Plessis, p. 305.
  2. Le même qui fut peu après tué dans l’armée du prince Maurice.
  3. Mém. de M. de La Force, t. I, p. 447 et suiv.