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société des Hyperboriens à Rome, nouait une foule de relations personnelles et de correspondances, et commençait de créer l’institution qu’on pressentait. Il n’était pas seul. Ce que fut pour le nouvel établissement à ce moment décisif et plus tard encore un généreux Français, M. le duc de Luynes, on se le rappelle à Rome avec reconnaissance. Son buste occupe une place principale dans la salle des séances de L’Institut germanique, son médaillon est sculpté sur la façade extérieure du nouveau palais, à côté de ceux de Borgh si, de Bunsen, de Gerhard et de Winkelmann. M. le duc de Luynes (on l’a redit à cette fête) était de ces hommes à la fois fiers et modestes, qui traversent la vie sans perdre un instant du regard un noble idéal ; la haute naissance n’était pour lui qu’un engagement impérieux d’honneur et de vertu; il mettait son immense fortune au service de toutes les grandes et nobles idées : il avait le culte de la science. Satisfait du caractère international de l’entreprise qu’on méditait, il n’entendait pas que la France y restât indifférente, et tant que durèrent les sections étrangères de l’Institut archéologique, sa collaboration, à la tête de la section française, fut dévouée et féconde; plus d’une fois, sans son utile concours, les publications commencées eussent été interrompues.

Une fois l’Institut archéologique libéralement fondé, on l’ouvrit libéralement à tous, on invoqua les communications de toutes parts, on rendit publiques les séances où, chaque semaine, des mémoires étaient lus et discutés. La liste serait longue des collaborateurs français, depuis le duc de Blacas, président des premières années, qui ouvrit aux travailleurs l’Italie méridionale, depuis Charles L’-normant, Champollion le jeune, Letronne, Raoul Rochette, Quatremère de Quincy, etc., jusqu’à nos confrères actuels de l’enseignement supérieur et de l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Si on ajoute une brillante pléiade de savans italiens, héritiers et continuateurs des fortes traditions archéologiques, non pas seulement Borghesi, Canina, Fea, mais, parmi les vivans, quelques-uns des plus illustres, si l’on ajoute pour l’Allemagne un Boeckh, un Otto Jahn, un Welcker, pour ne parler aussi que des morts, on ne s’étonne plus que le triple recueil des Annales du Bulletin et des Monumens soit devenu une précieuse encyclopédie pour la science de l’antiquité[1]. Il n’est pas un homme s’occupant à fond des études classiques qui n’y ait contribué ou puisé. Philologie, épigraphie, archéologie figurée, esthétique, histoire de l’art, chacune de

  1. Quarante-six volumes in-octavo d’Annales jusqu’en 1877 inclusivement; quarante-huit volumes in-octavo de Bulletin jusqu’en 1878 inclusivement; neuf volumes grand in-folio de Monumens inédits, et un dixième presque achevé. Ajoutez-y les années 1854 et 1855 (Annales, Bulletin, Monumens) en format petit in-quarto, ainsi que l’année 1856 (Annales et Monumens), deux volumes in-octavo de Memoriœ (Rome, 1832, et Leipzig, 1865), et quatre volumes in-octavo de Tables.