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LES CHEMINS DE FER
TRANS-SAHARIENS

Le chemin de fer trans-saharien, jonction coloniale entre l’Algérie et le Soudan, par A. Duponchel, ingénieur en chef des ponts et chaussées. Paris, 1879.

Personne n’ignore quel est le rôle qu’ont joué les chemins de fer dans l’œuvre de la colonisation aux États-Unis. On ne les a pas construits seulement pour relier entre elles ou aux ports du littoral les villes déjà prospères; on les a tracés au travers des solitudes du Far-West. La voie ferrée précède le colon; le wagon commence par circuler à vide à travers les espaces déserts. Loin d’avoir à payer, comme les compagnies d’Europe, de grosses indemnités aux propriétaires qu’elles dépossèdent ou dont elles dépècent les héritages, les compagnies américaines reçoivent à titre gratuit, outre le sol qu’occupe leur plate-forme, une large bande de terrain par lots alternes, tantôt à droite et tantôt à gauche de la voie. C’est sous cette forme que les états agricoles de l’Illinois, de l’Iowa, du Wisconsin subventionnent les chemins de fer. Peut-être ces entreprises réussissent-elles rarement. Ce n’est pas le plus gros souci de ceux qui les ont lancées ou des gouvernemens qui les encouragent. On veut peupler le pays, défricher les terres incultes, exploiter les richesses latentes du sol : on y réussit. L’émigrant arrive, la steppe se met en culture; les fermes se construisent; une ville se fonde et présente, avec des rues presque vides, le mouvement d’affaires d’une vieille cité. Le chemin de fer, après lui avoir donné la vie, profite à son tour de cette agitation qu’il a développée.

Tout cela est bien connu, si connu même que d’autres peuples ont appliqué les procédés américains de colonisation en d’autres régions du globe, par exemple les Anglais en Australie, les Français en Algérie, mais sur une échelle restreinte. Il n’y a encore ni dans la grande île de l’Océanie ni dans notre possession de l’Afrique