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UN
GÉNÉRAL RÉPUBLICAIN


Kléber, sa vie, sa correspondance, par le comte Pajol, général de division.
Paris, 1877.

Lorsque, pendant la révolution, la France, livrée aux fureurs des partis, déchirée par la guerre civile, épuisée de ressources, sans finances, obligée de faire face à la coalition européenne avec des armées démoralisées par la politique et désorganisées par l’incapacité du gouvernement, semblait sur le point de s’effondrer, on vit surgir tout à coup des entrailles de la nation une pléiade de généraux, qui, après avoir délivré la patrie de la présence de l’étranger, auraient sauvé la république, si elle avait pu être sauvée après les violences de la convention et les hontes du directoire. Parmi eux, l’un des plus remarquables par le génie comme par le caractère est Kléber, dont la noble figure est trop peu connue. On sait bien ce qu’il fit comme général, mais on ignorait, ou à peu près, jusqu’ici ce qu’il fut comme homme. Le recueil de ses lettres et de ses rapports, que M. le général Pajol a tirés des archives du dépôt de la guerre et qu’il vient de livrer à la publicité, nous permet de le juger à ce point de vue et nous fait comprendre comment, dans une carrière militaire de huit années seulement, il a su conquérir la première place comme capitaine et attacher son nom de la manière la plus glorieuse à nos victoires comme à nos revers. Patriote ardent, Kléber n’a jamais eu en vue que le bien de la France ; républicain convaincu, il ne s’est pas mêlé aux luttes des partis ; ennemi de l’intrigue, il avait le plus souverain mépris pour ceux qui faisaient de la politique un moyen d’arriver à la fortune ; dévoué à ses devoirs, il n’a jamais hésité à sacrifier ses intérêts per-