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comme le fort se relève toujours mieux de ses défaites que le faible de ses victoires, Natal est bientôt déclaré colonie de la couronne. Les boers émigrent au plus vite et entrent sur le territoire d’Orange, où la même histoire se répétait. Là s’étaient axés aux débuts de l’exode une partie des premiers émigrans. — Faites à votre aise, leur avait encore dit l’Angleterre par l’organe du gouverneur du Cap, sir George Napier, nous ne prétendons rien sur votre territoire. Cependant des querelles s’élèvent entre les boers et les natifs d’Orange ? alors le gouvernement anglais élève la voix : — Nous ne vous permettrons pas, dit-il, de maltraiter les natifs. — Et de quel droit cette défense, demandent les boers, puisque vous ne prétendez rien sur notre territoire et que ces natifs, n’étant pas vos sujets, ne sont pas sous votre protection ? La logique ne sert pas mieux l’état d’Orange que la vaillance le Natal, et cette seconde colonie boer devient d’abord a souveraineté d’Orange » avec un résident anglais, puis bientôt après colonie de la couronne. Alors André Prétorius, qui venait de sortir de Natal, essaie de défendre l’indépendance d’Orange et se fait battre à Bloom-Platz en cette année 1848, qui vit tant d’autres remue-ménages politiques. Vaincu, Prétorius se réfugie au delà du Vaal et y fonde une république. Nous serons charmés qu’elle devienne florissante, déclare le gouvernement britannique, et la preuve c’est que nous allons la reconnaître sans nous faire prier pour le présent et que nous vous promettons de respecter, son indépendance pour l’avenir. On sait comment cette promesse a été tenue et que la république du Transvaal, depuis trois ans, n’est plus qu’un souvenir.

Dans les judicieuses considérations dont il accompagne ses exposés des phases diverses de cette querelle, M. Anthony Troltope adresse, après bien d’autres, à la politique anglaise le reproche d’inconsistance. Il fait justement remarquer que le tort du gouvernement colonial en ces circonstances est de n’avoir jamais su adopter un système de conduite et s’y tenir résolument, une fois choisi ; mais où il nous paraît se tromper, c’est quand il attribué ces incessantes vacillations aux tempéramens propres des divers ministres des colonies qui se sont succédé depuis l’origine. La cause véritable de cette inconsistance n’est pas dans les idiosyncrasies plus ou moins libérales de tel ministre ou plus ou moins autoritaires de tel autre, elle est dans l’embarras visible où s’est trouvé le gouvernement anglais pour concilier les principes libéraux dont il fait montre volontiers avec les nécessités politiques où l’entraînait la défense de son autorité. Tant parler de la liberté constitutionnelle, du droites peuples à se constituer eux-mêmes, de la déférence qui est due aux opinions des minorités, pour en arriver à verser dans la vieille politique de la force et de l’intérêt, et à supprimer des républiques comme, le premier faiseur de coups d’état venu, pensez un peu à tout