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dire, fort incomplets, et l’on aurait tort d’en tirer dès aujourd’hui des conclusions d’un caractère général. Toutefois ils présentent déjà quelques, indications utiles, et les pouvoirs publics y trouveront certainement, s’ils sont clairvoyans, plus d’une raison de hâter l’élaboration de la loi de réorganisation que le gouvernement devait déposer dans le délai d’un an (art. 24 de la loi du 12 juillet 1875) et que nous attendons encore.

Ce n’est pas qu’il n’ait été fait de sérieux efforts pour mettre nos grandes écoles en état de résister victorieusement à la concurrence des établissemens libres. Le rapport de l’honorable M. Bardoux énumère brièvement les améliorations qui ont été réalisées depuis dix ans dans les services de l’inspection générale, de l’administration académique et des facultés, et l’on doit reconnaître que de ce côté, tant par les soins de l’état que par la sollicitude des villes, de sensibles progrès ont eu lieu. Mais que de lacunes encore à combler, que de réformes urgentes à pratiquer ! Dans quel état de dénûment se trouvent, sur bien des points, nos laboratoires, nos bibliothèques, nos collections ! De quel faible éclat brillent nos facultés de province, sauf quatre ou cinq, à côté des grands foyers allemands ! Tous ces desiderata sont signalés dans la statistique. Elle y consacre tout un chapitre où se trouvent résumés les vœux des facultés et les vues du gouvernement lui-même. La question de la réorganisation de notre haut enseignement, de la direction à lui imprimer et des réformes à y introduire, apparaît là dans toute sa complexité, avec ses contradictions, ses difficultés, ses écueils : d’un côté l’esprit de routine, de l’autre l’esprit d’aventure et d’imitation maladroite de l’étranger ; ici, la tradition, là, l’empirisme. Le sujet était particulièrement délicat. L’auteur de la statistique n’a pas craint de l’aborder et, malgré la réserve que lui imposait son caractère, il a su le traiter avec assez d’étendue pour n’omettre aucun point important.

On essaiera de faire ici de même ; on voudrait examiner à la lumière des documens et des faits contenus dans la statistique de 1878 les principales réformes dont notre enseignement supérieur semble susceptible, en s’attachant de préférence à celles dont l’administration elle-même reconnaît la convenance. On ne risquera pas ainsi de se jeter dans une discussion théorique et sans application immédiate ; on ira droit aux choses pratiques et dès à présent réalisables. Toutefois on fera précéder cette étude d’un court résumé dans lequel on rappellera tout ce qui s’est fait depuis 1868, dans l’intérêt des hautes études et de leurs représentans. C’est le plan suivi par la statistique ; on n’en saurait adopter un plus logique.