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des diplômes conférés par les jurys d’examen, sur le chiffre des recettes opérées pour le compte du trésor et sur la répartition des crédits inscrits au budget. Ces premières indications étaient complétées par une série de notices reproduisant les principales dispositions des lois, décrets, ordonnances, arrêtés ou circulaires qui régissent encore ou qui ont régi l’Université de France et les grands établissemens qui s’y rattachent. Il y avait là des élémens de comparaison d’autant plus précieux qu’ils n’avaient jamais été groupés de cette sorte et que leur confrontation mettait dans une plus vive lumière les défauts d’organisation et les lacunes de notre haut enseignement. Ces défauts étaient d’ailleurs signalés à l’attention des pouvoirs publics dans un rapport d’ensemble qui formait pour ainsi dire la préface du volume et où le ministre d’alors, sortant un peu de la réserve habituelle aux documens officiels, établissait la nécessité d’un certain nombre de réformes, qui ont été réalisées depuis ou qui le seront prochainement.

Le plan de la nouvelle statistique de l’enseignement supérieur ne diffère pas sensiblement de ces données. On y retrouve la même ordonnance et la même méthode, la même disposition de matières et la même abondance de chiffres, de faits et de renseignemens. Elle débute, comme l’autre, par un rapport détaillé du ministre au chef de l’état, et ce rapport lui-même offre plus d’un point de ressemblance avec celui de 1868 : c’est la même inspiration et le même fonds d’idées. On y sent une même conviction, fortifiée par l’expérience et, malheureusement, éclairée par de tristes leçons. C’était presque une témérité d’oser dire en 1868, à ce pays infatué de lui-même, que son outillage scientifique était devenu complètement insuffisant et qu’il avait de grands efforts à faire pour maintenir sa supériorité intellectuelle. Il y fallait, en tout cas, beaucoup de mesure et l’on risquait fort, en poussant un pareil cri d’alarme au lendemain de l’exposition de 1867, de passer pour un prophète de malheur et de n’être point écouté. Car c’est le sort commun des réformateurs d’avoir à lutter contre la routine et l’optimisme officiel et d’y succomber. Aujourd’hui ce danger n’est plus à craindre ; l’opinion publique est faite ; les partis sont unanimes, et l’on ne trouverait pas dans nos chambres un orateur qui eût le courage de refuser son vote aux allocations réclamées dans l’intérêt de nos grands établissemens scientifiques. Sous ce rapport, la statistique de 1878 est d’une lecture infiniment plus réconfortante que son aînée. Elle est aussi plus complète et renferme plus de matières : mille pages au lieu de huit cents. Toutes les notices ont été retouchées et souvent développées. De nouveaux chapitres ont été ajoutés aux anciens. Ainsi l’on n’avait pas cru devoir en 1868 consacrer un titre spécial à