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restait pour empêcher l’assemblée de se déjuger, déclara que la décision qui serait prise n’aurait pas sa signature tant que le procès-verbal de la séance du 15 mai demeurerait sans la sanction nécessaire à sa validité, c’est-à-dire sans être revêtu de toutes les signatures, et tant que la protestation que l’évêque de Nîmes avait voulu retirer n’aurait point été déposée aux archives. Ces moyens dilatoires n’eurent pas d’effet. La résistance était aux abois. La somme fut donc votée, sous la réserve qu’on solliciterait le cardinal d’intervenir près du roi, afin d’obtenir une modération. Mais les opposans luttèrent jusqu’à la fin, et le vote ne fut point enlevé sans une discussion où l’indignation des récalcitrans s’exhala en paroles violentes. Les partisans du pouvoir royal ne se firent pas faute d’attaquer les prétentions des cléricaux. « Il fut dit alors des choses, rapporte Montchal, contre les droits de l’église qui firent hérisser le poil de ceux qui avaient les sentimens vraiment ecclésiastiques. » Les deux archevêques présidens et sept députés qui persistaient comme eux à repousser la demande de la couronne refusèrent de signer la délibération et sortirent avec éclat de la salle des séances, en protestant contre les moyens qu’avait employés le gouvernement pour arracher le vote. Il y avait parmi eux quatre évêques, ceux d’Évreux, de Maillezais, de Bazas et de Toulon. Les trois députés du second ordre étaient le doyen de Bordeaux, l’archidiacre d’Arles et le sacristain de Nîmes. Les neuf dissidens allèrent se réunir en un lieu séparé et dressèrent procès-verbal de ce qui s’était passé. Bellegarde, plus résolu que jamais dans son opposition, transmit au commissaire royal pour être présentés au roi, les motifs de sa conduite. Il espérait ménager à l’assemblée, qui avait toujours trouvé Richelieu entre elle et Louis XIII, le moyen d’être enfin admise à faire entendre au monarque ses remontrances. Le cardinal para le coup, il sut s’arranger pour que les présidens n’obtinssent pas l’audience royale ; il fit dire qu’il se chargeait de toute la négociation, se faisant fort d’amener sa majesté à une réduction de 300,000 livres sur la somme qu’avait accordée le clergé. Il engagea en conséquence les députés dissidens à aller reprendre leur siège. Ceux-ci se laissèrent persuader et reparurent aux séances suivantes, où l’on poursuivit avec plus de calme l’expédition des affaires. Bientôt le commissaire royal se présenta de nouveau à Mantes et fut introduit. Il commença son discours par remercier l’assemblée au nom de son maître de l’allocation qu’elle avait accordée à l’état ; puis, prenant un tout autre ton, il déclara que le roi avait été informé de l’opposition faite à ses volontés par plusieurs prélats qui étaient sortis de la salle lors d’une des dernières délibérations. Par un tel acte, disait-il, ces députés avaient renoncé de fait à leur mandat, et sa majesté leur commandait en conséquence de se retirer sans