Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 32.djvu/545

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à enjoindre à leurs officiers de ne la point acquitter. Les évêques écrivirent aux agens généraux de solliciter pour ceux-ci décharge du lourd impôt dont on prétendait les frapper ; mais le surintendant des finances se refusa à l’accorder, et les agens généraux répondirent qu’il n’y avait d’autre moyen pour échapper à ces nouvelles exigences que le remboursement des offices et la continuation des oppositions. Nonobstant ces dernières, un arrêt du conseil du roi intervint le 22 juin 1639 portant contrainte contre les officiers. Le gouvernement ne s’en tint pas là et, revenant sur la question des tailles, il prétendit y soumettre les ecclésiastiques. En janvier 1640 parut une déclaration du roi obligeant à la taille ceux qui en avaient été auparavant tenus pour exempts, tels que)curés, prêtres et autres membres du clergé. Les mesures les plus rigoureuses leur furent appliquées. Il y eut commandement et saisie. « Le clergé gémit de cette vexation, écrit l’archevêque Montchal ; les agens s’en plaignent, les prélats qui se trouvent à la suite de la cour s’assemblent à Paris, font des remontrances au cardinal, car c’était un crime de parler au roi de ces affaires, desquelles toute la rigueur s’exerçait en son nom, et les adoucissemens se faisaient au nom du cardinal, qui par ce moyen attirait à soi la reconnaissance et rejetait contre le roi tout l’ennui. »

L’agitation croissait chaque jour dans le clergé, qui faisait représentations sur représentations au surintendant de Bullion. Tout ce qu’on put obtenir, après six mois de démarches, ce fut qu’il serait sursis à l’exécution de la mesure en ce qui touchait les ecclésiastiques. Les cours de justice n’en poursuivirent pas moins l’exécution de l’arrêt du conseil et des ordonnances sur les amortissemens. Courtin, commis du receveur général du clergé, fut emprisonné pour n’avoir pas voulu signer les quittances. Les prélats présens à la cour s’assemblèrent et convinrent d’en écrire au cardinal. En attendant la réponse, ils se mirent en relation avec les évêques des provinces. Une active correspondance s’établit entre eux. On prépara ainsi l’action commune de tous les diocèses. La réunion des prélats engagea leurs collègues des provinces à assembler les bénéficiers et à se donner au plus tôt mutuellement avis de leurs griefs ; ils devaient prêter leur appui à ceux qui seraient en butte aux vexations de l’autorité laïque, les indemniser à frais communs des pertes et dommages qu’ils auraient pu souffrir et tout endurer plutôt que de laisser porter atteinte aux immunités de l’église. La petite assemblée ajoutait qu’il fallait adresser à Dieu des prières spéciales afin d’obtenir sa protection contre les oppresseurs. Si ces remèdes se trouvaient insuffisans, disait la circulaire envoyée aux diocèses, on devait recourir au saint-siège, présenter en même temps au roi des remontrances et ordonner des prières publiques destinées autant