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bienveillance. Il fallut que les exigences de Richelieu devinssent, on ne saurait dire excessives, elles ne semblent que justes si on les compare à ce que payait le menu peuple, mais lourdes, pour que la représentation ecclésiastique y résistât sérieusement. Elle ne cédait alors qu’à la crainte que la monarchie ne portât atteinte aux immunités de l’église. Durant la première moitié du gouvernement de Richelieu, les demandes ayant été modérées, l’opposition le fut aussi dans les assemblées ; elle devint plus accusée durant la seconde.

La convocation de l’assemblée de 1635 ayant été annoncée comme faite en vue d’obtenir des subsides extraordinaires, le clergé s’émut ; une agitation s’en suivit dans les diocèses, surtout dans ceux du Languedoc, où plus d’un ecclésiastique avait été favorable à la révolte du duc d’Orléans. Richelieu jugea nécessaire d’exercer sur les élections une forte pression, car il entendait avoir des députés à sa dévotion. Dans la province de Narbonne, l’assemblée provinciale avait voulu nommer des prélats quelque peu compromis dans le parti de Gaston : c’étaient les évêques de Lodève, de Saint-Pons et d’Alet. Louis XIII écrivit à la réunion provinciale qu’il n’acceptait pas de tels choix, et elle dut procéder à de nouvelles désignations ; mais, comme elle n’élut pas ceux que le roi avait indiqués, à savoir les évêques de Montpellier et de Nîmes, elle dut par injonction royale procéder une troisième fois aux nominations, et les deux évêques que Louis XIII avait désignés furent élus. En beaucoup de provinces, la lutte électorale fut si vive que des scissions se produisirent dans les collèges, et lors de l’examen des procurations l’assemblée générale se vit parfois fort embarrassée pour décider qui devait être reçu. Plusieurs provinces avaient nommé trois députés de chaque ordre, et il fallut, ainsi que je l’ai déjà noté, un commandement formel du roi pour que ce nombre fût réduit à deux, et quand on ne parvenait pas à s’entendre sur celui des trois qui devait être éliminé, on en était réduit à le tirer au sort. Il tardait à Louis XIII d’obtenir de l’assemblée les 600,000 livres dont il avait besoin : il lui dépêcha en conséquence ses commissaires ; mais le clergé ne se pressa pas ; il s’occupa de la rédaction des remontrances a présenter au monarque. Les commissaires revinrent et insistèrent pour qu’il fût procédé au vote dans le plus court délai. Les députés ne voulaient rien accorder avant qu’on eût donné satisfaction au contenu des cahiers. La colère s’empara alors du roi, et, contrairement à ce qui se pratiquait d’ordinaire, il adressa directement à l’assemblée une lettre qui n’avait pas passé par le conseil des dépêches, dont le garde des sceaux avait la présidence. Loin de réduire ses exigences, Louis XIII y ajoutait encore ; c’était maintenant une subvention annuelle de 600,000 livres qu’il réclamait du clergé. La lettre royale était