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n’avait point été donné satisfaction. L’archevêque de Tours, François de La Guesle, adressa à Henri IV des remontrances peu différentes de celles qui lui avaient été faites deux années auparavant à Coucy.

La question des rentes de la Ville paraissait enfin vidée. Le contrat était définitivement accepté par le clergé comme un engagement au renouvellement duquel il semblait ne plus devoir se soustraire. Les mesures financières adoptées par Henri IV sur les conseils de Sully promettaient d’ailleurs pour l’avenir, à cet ordre, l’allégement de ses charges, car elles tendaient à réduire la dette de l’état envers l’Hôtel de Ville de Paris. Le grand ministre travaillait à diminuer la masse des rentes qu’avait à servir le trésor public et pour le paiement desquelles on avait déjà si souvent fait appel aux assemblées. En même temps qu’il réduisait l’intérêt du denier douze, devenu usuraire, au denier dix-huit, au denier vingt et même au denier vingt-cinq, il opérait le remboursement du principal d’un grand nombre de créances. Dans les 5 millions de rentes qui furent ainsi éteintes, les rentes de l’Hôtel de Ville entrèrent pour un chiffre d’environ 1,390,000 livres. On sait que ce ne fut pas sans rencontrer de vives résistances que Sully exécuta, en partie du moins, le projet d’amortissement et de réduction des rentes qu’il avait conçu. Il voulait soumettre à une révision les titres que faisaient valoir les rentiers. La bourgeoisie parisienne était ainsi menacée de voir supprimer une fraction notable de son revenu, et le prévôt des marchands, François Miron, qui a attaché son nom à tant d’embellissemens de la capitale, se fit, avec le jurisconsulte Jacques Leschassier, l’interprète de ses plaintes. Henri IV, qui avait intérêt à ménager sa bonne ville de Paris, se rendit à leurs remontrances ; il sursit à l’application des idées de son ministre ; au moins la mesure ne reçut qu’une exécution partielle. Il resta à servir un chiffre assez considérable de rentes ayant titre certain et qui n’avaient point été amorties. Il fut pourvu à l’acquittement périodique de cette dette par le renouvellement du contrat avec le clergé. Mais les assemblées furent loin de s’y prêter toujours docilement, et aux réunions où il s’agissait d’en débattre les conditions, il y fut plus d’une fois vivement attaqué. A l’assemblée de 1645, l’archevêque de Toulouse se plaignit de ce que le clergé, qui n’avait cessé de remplir ponctuellement ses obligations envers l’état, se vît mis à chaque échéance dans la nécessité de renouveler ce contrat sans obtenir les grâces qui lui étaient promises en retour. Il y avait, disait-il, près de quatre-vingts ans que ce contrat avait été passé pour la première fois, et cependant les rentes n’avaient point été amorties, de façon à libérer l’ordre ecclésiastique ; il ajoutait qu’il était temps de le dispenser d’une telle charge pour l’avenir. Les