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obligés de payer pour ceux qui étaient dans l’impossibilité de le faire ou que les engagemens antérieurs du roi avaient déchargés. Le parlement vérifia les lettres touchant ces exemptions. Quant à celles qui concernaient l’interdiction, les députés en agirent avec prudence pour ne point blesser la cour, ils ne les lui firent porter à enregistrer que lorsque toute l’affaire eut été définitivement arrangée avec l’Hôtel de Ville.

Ainsi s’acheva ce long débat, dont les phases montrent quelle était la ténacité du clergé. Il parvint, tout en cédant finalement, à maintenir son droit. Quoique l’œuvre de l’assemblée fût loin d’être épuisée, il lui fallut bientôt clore une session qui s’était prolongée au delà de la durée ordinaire ; les députés avaient d’ailleurs hâte de partir. Une députation alla, suivant l’usage, haranguer le roi, qui était alors à Coucy. L’évêque du Mans, Claude, qui prit la parole, résuma les doléances que l’assemblée avait déjà portées au pied du trône. C’était en grande partie la reproduction de celles présentées sous le précédent règne. Le prélat remontra au prince les choix indignes que faisaient les collateurs des bénéfices, dont quelques-uns avaient embrassé l’hérésie, le nombre croissant des abbayes tenues en commende, possédées quelquefois par de simples laïques, ou même par des gens mariés. Il en résultait que les maisons religieuses demeuraient souvent sans règle et finissaient par être abandonnées des moines eux-mêmes. L’évêque du Mans dénonça la lenteur qu’apportaient nombre d’évêques nouvellement nommés à se faire pourvoir à Rome de leurs lettres de provision afin de toucher les revenus de leur évêché sans être obligés de se rendre dans leur diocèse. Il dénonça pareillement la multiplicité de ces contrats simoniaques qu’on appelait confidences, et par lesquelles les bénéficiers faisaient passer une partie de leurs revenus à des personnes étrangères à l’église et dont ordinairement le crédit avait fait obtenir le bénéfice à celui qui s’engageait à en donner secrètement une part. Le prélat n’oublia pas de parler des empiétemens de l’autorité laïque sur les droits sacrés de l’église, que rendait plus faciles l’absence de tant d’évêques de leur siège, empiétemens qui allaient, disait-il, à ce point que les gouverneurs des province prétendaient, par mesure de police, et au mépris de l’autorité épiscopale, désigner les prédicateurs.

Nicolas L’Angelier avait formulé les mêmes plaintes lors de l’assemblée de Melun, et l’esprit de la réponse d’Henri IV ne différa guère de celui que respiraient les paroles d’Henri III. Le fils d’Antoine de Bourbon n’était pas plus disposé que le dernier des Valois à rendre à l’église le droit d’élection, qui l’eût dépouillé d’un puissant moyen d’influence ; il tenait fort au concordat de 1517. Il donna à entendre, comme l’avait fait Henri III, qu’il avait le droit