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bornèrent à décider qu’une requête serait adressée par eux à Sa Majesté en vue d’en obtenir un arrêt de règlement interdisant qu’à l’avenir la cour intervînt dans tout ce qui touchait au contrat passé par le clergé avec la couronne en matière de subvention et de décimes. Castille, heureusement pour lui, trouva des amis plus obligeans que n’étaient les députés et qui lui fournirent caution ; en sorte que les huissiers, au lieu de le conduire en prison, se contentèrent de le constituer prisonnier dans sa propre demeure. L’arrêt du parlement n’enjoignait pas seulement à Castille de payer immédiatement les 24,000 écus, il lui imposait encore l’obligation de compter, dans les deux mois, 50,000 autres écus. L’assemblée consentit à se porter caution de son receveur général pour cette dernière somme, mais elle refusa nettement de décharger les amis de Castille de la garantie de la première. La position du receveur général demeurait donc très fâcheuse. Un remords finit par prendre les députés ; ils comprirent qu’ils étaient moralement obligés à défendre Castille contre le parlement, et ils décidèrent que la requête au roi, dont il avait été déjà question et tendant à obtenir l’évocation de l’affaire devant le conseil, serait enfin présentée. Castille obtint de son côté une mise en liberté provisoire, destinée à lui permettre de rendre à l’assemblée ses comptes, reddition toujours ajournée à raison de la difficulté de se procurer les pièces nécessaires.

Ces arrangemens ne se conclurent pas sans de longs pourparlers, d’interminables allées et venues entre tous les intéressés. Le chancelier Cheverny y prit une part active ; il n’avait pas suivi le roi en Picardie, et, comme il le dit dans ses Mémoires, « il était resté à Paris, afin de donner ordre de tous les côtés en son absence et de pourvoir à l’argent et autres choses. » Il persistait à soutenir qu’on ne pouvait réformer l’arrêt du parlement, que c’était seulement pour l’avenir qu’il y avait lieu de prendre des mesures propres à empêcher la cour de connaître de ce qui concernait les décimes. Divers personnages haut placés, le connétable notamment, s’étaient aussi entremis dans la négociation entre l’assemblée, le parlement et l’Hôtel de Ville, afin d’amener un accommodement. Cela eut pour effet de faire consentir la municipalité parisienne à un délai au paiement des 50,000 écus. Mais ce n’étaient là que des atermoiemens, et rien n’était décidé quant au fond. Les députés du clergé s’entêtaient à ne rien concéder pour le paiement des rentes avant d’avoir tiré à clair ce qui avait été levé à titre de décimes depuis l’année 1586 et établi ce que chaque province ecclésiastique avait donné. C’était là une opération difficile dont on ne pouvait prévoir le terme, puisque plusieurs provinces étaient encore en proie à la guerre civile. L’assemblée laissa en conséquence sans réponse