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qui éloigne la mort. Honore-moi, ô le plus sage des êtres, extrais-moi pour me manger : loue-moi dans tes chants, comme jadis m’ont loué les autres prophètes de la loi. » Homa nomme ensuite les prophètes qui l’ont « extrait pour le sacrifice, » et Zoroastre répond : « Hommage à Homa, le saint Homa, qui a été créé parfait ; il est juste, il guérit tous les maux ; il est brillant, il est bienfaisant, il est victorieux ; il est de la couleur de l’or. Ses branches sont flexibles et tendres, nous le mangeons aisément. Il est excellent ; il est pour notre âme le plus précieux trésor. toi qui es de couleur dorée, je te demande la sagesse, la force, la victoire, la santé, la guérison, la pureté, le développement et la vigueur de mon corps, les justes proportions de toute ma personne. »

Si le chef des créatures terrestres parle en ces termes du Homa, rien n’est moins surprenant que le culte passionné des prêtres du mazdéisme. Aussi les louanges du Homa remplissent-elles une grande partie du Vispéred : « Nous offrons, disent les prêtres en parlant d’Ahoura-Mazda, ce Homa que nous élevons vers lui ; nous l’offrons à ce Dieu tout-puissant qui donne au monde son développement et sa beauté, à ce maître bon et saint, le maître souverain de toutes les créatures. Nous offrons ce Homa aux Améshaçpentas, aux eaux saintes, à notre propre âme, à toute la création pure. Nous offrons ce Homa, ces vases où le Homa est contenu, ces vases où il est déposé… Nous offrons pieusement ces objets sacrés qui doivent être pour notre canton une source de prospérité, qui doivent l’étendre, le fortifier, le grandir. Nous offrons ces saints objets qui écartent l’impiété de notre demeure, qui préservent notre maison de tous les fléaux, qui protègent nos troupeaux, qui sauvent les hommes nés et à naître, qui sauvent les justes, au nombre desquels nous comptons les justes des deux sexes aux œuvres éclatantes et saintes… »

Le culte de Mithra, le dieu rédempteur, qui n’apparaît qu’assez tard dans la mythologie iranienne, finit par prendre un grand développement chez les sectateurs de Zoroastre. Mithra devient prépondérant au temps des Sassanides, et peu de temps avant la conquête musulmane il tend à remplacer les autres divinités, même Ahoura-Mazda. Un moment, il disputa au Christ le monde gréco-romain, et ses fêtes se célébraient même à Rome avec une grande pompe, le 25 décembre, jour de sa naissance. Dans les mystères mithriaques, le vin, auquel on ajoutait de l’eau, et le blé avaient remplacé le Homa[1], et Tertullien accuse le diable d’avoir parodié les mystères de l’église. Les pratiques qui irritaient le fougueux Africain sont dans leur substance trop anciennes parmi les disciples de mazdéisme

  1. V. Gerbet, Considérations sur le dogme générateur de la piété Catholique.