général inerte. En présence du péril qui lui fut révélé, il prit une résolution hardie et adopta un plan de campagne admirablement bien (conçu, il laissa l’armée syracusaine se mettre en mouvement, marcher tout entière sur lui, s’avancer jusqu’au fleuve Symèthos, à quelques lieues à peine de Catane ; la nuit venue, il embarqua ses troupes, il embarqua même les Sicèles auxiliaires et alla établir son camp sur les hauteurs qui dominent Syracuse.
C’était un coup de maître : Nicias eût-il jamais pu l’exécuter, si sa flotte de transport n’eût été en même temps une flottille de débarquement ? Les Syracusains ne trouvèrent devant Catane qu’un camp évacué depuis la veille. Pleins d’alarme, ils se hâtèrent de revenir sur leurs pas. Il était trop tard ; les Athéniens avaient déjà eu le temps de se retrancher. Solidement assis sur la rive droite de l’Anapos, qui débouche au fond du grand port, protégés d’un côté par des murs en pierres sèches, des abatis d’arbres et un étang, de l’autre par des précipices, ils pouvaient attendre les sorties de la ville avec autant de confiance que s’ils eussent occupé une place forte. La flotte même d’Athènes était en sûreté ; Nicias l’avait fait tirer à terre, et les vaisseaux se trouvaient gardés par un long rempart de palissades. Comprend-on maintenant ce que peut la marine dans les mains d’un général qui sait s’en servir’ ? Par marine je n’entends pas évidemment ici ces puissantes flottes auxquelles leur tirant d’eau interdit l’approche du rivage ; j’entends les alcyons de l’avenir, les hirondelles de mer qui glisseront sur la vague et ne feront qu’un saut de la vague à la plage. Avec de tels navires, la mer n’est plus que le chemin des armées, et les tacticiens qui, dans leurs calculs, ne tiendront pas grand compte de ce chemin-là s’exposeront, — je m’en fais garant, — à de singuliers mécomptes.
L’armée des Syracusains était rentrée déconcertée dans la ville. Dès le lendemain, le combat s’engagea. Ce combat ne fut que le choc parallèle de deux armées rangées, l’une sur huit hommes de hauteur, l’autre sur seize. L’issue en resta longtemps douteuse. Les Syracusains tenaient ferme, les Athéniens redoublaient d’efforts, et la mêlée devenait sanglante, quand un orage soudain inonda le champ de bataille. Les rangs de l’armée la moins disciplinée se rompirent ; les Athéniens enfoncèrent l’aile gauche d’abord, puis le centre, puis la droite, des troupes de Syracuse. Ils auraient remporté une victoire complète si les Syracusains n’avaient été couverts dans leur déroute par un corps de douze cents cavaliers. le côté faible des armées qu’on transporte par mer, c’est l’insuffisance, quelquefois l’absence absolue de la cavalerie. « Mon royaume pour un cheval ! disait le roi Richard. » Combien de généraux se sont écriés à l’heure décisive : « Un régiment pour un peloton de