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ESSAIS ET NOTICES.

La Monnaie dans l’antiquité, par M. François Lenormant, 2 vol. in-8o, Paris 1878. Lévy et Maisonneuve.


M. F. Lenormant commence la publication des leçons qu’il a professées pendant deux ans dans sa chaire d’archéologie de la Bibliothèque nationale ; elles formeront un grand travail d’ensemble sur la numismatique ancienne. Aucun ouvrage de ce genre et de cette étendue n’a été publié depuis le livre admirable d’Eckel (Doctrina nummorum veterum), qui parut vers la fin du siècle dernier. Jamais pourtant les travaux de détail n’ont été plus nombreux et plus féconds que depuis cette époque. Sur beaucoup de points, la science a été renouvelée ; le nombre des monumens découverts et étudiés a plus que quintuplé ; des domaines complètement ignorés des savans d’autrefois ont été parcourus par ceux de nos jours. La numismatique de l’Orient existait à peine du temps d’Eckel ; c’est une conquête récente. On ne se doutait guère, il y a un siècle, de l’existence des monnaies indigènes de la Gaule ; on en possède aujourd’hui des suites considérables. Même pour la Grèce et pour Rome, qu’Eckel connaissait admirablement, il n’est pas douteux que les progrès de l’épigraphie n’aient beaucoup servi la numismatique. Elle a aussi tiré un grand profit de découvertes qui semblaient lui être fort étrangères. Les gravures étaient si négligées autrefois, et l’on reproduisait si imparfaitement les monnaies antiques que, lorsqu’on ne les avait vues que dans les livres, on ne pouvait pas dire qu’on les connaissait. Aujourd’hui la photographie nous les met devant les yeux comme elles sont, et on les connaît sans les avoir jamais vues. Ce sont ces études amoncelées, ces progrès de détail accomplis pendant près d’un siècle qui ont donné à M. Lenormant l’idée de l’ouvrage qu’il public. « Un tableau général, dit-il, des résultats acquis et des lacunes qui restent encore à combler n’est jamais un travail oiseux, car il fournit une aide efficace aux débutans qui abordent la carrière, il intéresse le public à la science, et même pour les savans spéciaux une semblable récapitulation de ce qui a été déjà fait peut servir à préparer de nouveaux progrès. C’est comme un inventaire du trésor amassé par une longue suite d’efforts, inventaire indispensable à renouveler d’intervalle en intervalle pour se rendre compte de ce qui compose ce trésor, et aussi de ce qui y manque. » Cet inventaire, M. Lenormant entreprend aujourd’hui de le dresser, et peu de personnes étaient aussi capables de le faire que lui.