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mutilés que l’on a retrouvés enfouis sous la plage des Lèques. Presque tout est brisé ; statues, pierres gravées, bijoux, poteries et terres cuites, qui rappellent quelquefois les merveilleuses statuettes de Tanagra, gisent pêle-même et en menus fragmens sous une couche humide de sable mêlé d’eau de mer, et sont aujourd’hui à peine reconnaissables. Malgré leur mauvais état, ces vestiges auraient encore présenté un intérêt de premier ordre ; leur classement méthodique aurait permis de faire bien des restaurations ; malheureusement les fouilles ont été faites à plusieurs reprises, elles n’ont jamais été l’objet d’une surveillance intelligente, et presque immédiatement après leur ouverture elles ont été remblayées. Tout a été dispersé, jeté ou vendu ; il n’existe que très peu de collections particulières, et encore sont-elles incomplètes, confuses, et ne constituent-elles que des épaves et des fragmens.

Les seuls objets qui nous soient parvenus sans trop d’altération sont les monnaies ; et, quoique la plupart aient été perdues ou volées, on a pu en conserver et classer un nombre considérable du haut et du bas empire, et surtout des monnaies marseillaises portant toutes la légende caractéristique MAΣ ou MAC, qui est l’abrégé de MAΣΣAΔΙΗΩΝ, et reproduisant les types classiques du monnayage massaliote : tête laurée de Diane ou d’Apollon à l’avers, et au revers le caducée, la galère unirame, le lion, le dauphin, l’aigle, le taureau cornupète ou à l’état de repos, et dont il serait superflu de donner une description que l’on peut trouver très complète dans tous les ouvrages spéciaux de numismatique. L’une d’elles cependant mérite une mention spéciale. Elle porte sur une face la tête casquée et bien connue de Minerve avec les lettres MAΣ, sur l’autre une tête virile et imberbe, et également casquée : l’absence de légende rend l’interprétation assez difficile ; mais ce type se rattache à la série marseillaise par une de ses faces, et il ne serait pas impossible que la tête allégorique du revers ne fût une réprésentation symbolique du peuple, de la ville ou du port. Ces sortes de personnifications ne sont pas sans exemple, et tous les numismates connaissent une intéressante monnaie de Marseille représentant le dieu topique du port Lacydon et une médaille corinthienne sur laquelle l’isthme était figuré par la tête d’un jeune adolescent.


III

Le résumé, peut-être un peu long, mais à coup sûr bien incomplet, que nous venons de faire aura du moins cet avantage d’avoir