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UNE VILLE DISPARUE

TAUROENTUM EN PROVENCE


I

Lorsque les ingénieurs étudièrent, il y a plus de vingt ans, le tracé du chemin de fer qui devait relier le grand port commercial de la Méditerranée avec le premier arsenal maritime de la France, ils eurent tout d’abord la pensée fort naturelle de rapprocher autant que possible la nouvelle ligne de la mer. Quelle que soit en effet l’écrasante supériorité de Marseille et de Toulon sur tous les autres ports de Provence, ils ne sont pas les seuls dignes d’intérêt, et la voie en quelque sorte idéale eût été celle qui aurait suivi fidèlement tous les contours du rivage et aurait permis de desservir et par suite de développer les plus modestes stations du littoral. Les navires accostant ainsi partout bord à quai et trouvant sur ces quais des appareils de transbordement tels qu’on en voit en Angleterre et des rails qui auraient facilité l’écoulement des marchandises vers l’intérieur du continent, telle eût été la solution parfaite non-seulement au point de vue commercial, mais encore au point de vue stratégique.

La configuration du sol, sans s’opposer d’une manière absolue à ce résultat, a conduit bien souvent à s’éloigner, de la mer d’une manière très regrettable, et la plupart des ports secondaires, Cassis, la Ciotat, Antibes, Nice, Menton, voient passer le chemin de fer au-dessus et en arrière d’eux, à flanc de coteau, et à une altitude telle qu’on ne peut espérer de longtemps la construction d’un embranchement maritime. Des accidens de terrain, insignifians en apparence, ont déterminé ces déviations, et c’est ainsi qu’après la