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On trouvera dans la Physique de Biot les raisonnemens qu’il avait imaginés pour expliquer ces actions diverses. De ces raisonnemens il faut prendre peu, et il faut laisser beaucoup. La cause qu’en avait cherchée trop loin était plus près qu’on ne le croyait ; la voici. Dans toute solution, la quantité de sel est uniformément répandue, et par suite la densité est partout la même ; elle augmenterait en un point si la quantité de sel venait à y croître ; elle diminuerait dans le cas contraire. Or il y a des procédés optiques pour reconnaître ces changemens de densité. Il est inutile de les décrire, il suffit de raconter ce qu’ils ont montré. Or, quand on plonge un cristal dans sa dissolution, on voit la densité du liquide augmenter à son contact et diminuer un peu plus loin ; cela veut dire que le cristal plongé attire les molécules qui étaient dissoutes et disséminées autour de lui, et que celles-ci, venant se coller contre sa surface, passent à l’état solide pour continuer les assises régulières dont il est formé. C’est donc par une attraction élective qu’un morceau de sulfate de soude détermine la cristallisation de la solution surfondue, et un morceau de glace la congélation brusque de l’eau refroidie au-dessous de zéro. Tels sont les principes théoriques dont nous allons faire l’application aux phénomènes naturels.


III

On connaît trois espèces de verglas : la première se voit après que la neige, mêlée d’eau, à demi fondue, pâteuse comme un sorbet, se regèle pendant la nuit. On trouve au matin la terre revêtue d’une enveloppe de glace poreuse d’un aspect laiteux comme celle des glaciers. Ce verglas n’a rien de commun avec celui qui noua occupe.

Quand l’air est serein, que la température est très basse, quand la rosée abondante gèle en se formant, elle recouvre les plantes et les rameaux de cristaux blancs semblables à de la neige, dont ils ont la texture légère ; ils ont peu de poids, ne causent aucun dégât : ce n’est pas d’eux qu’il s’agit.

Après une période de grands froids, il arrive souvent que, le vent tournant à l’ouest, une pluie chaude survenue tout à coup arrose la terre, les herbes et les rameaux. À ce contact, les premières gouttes se refroidissent et se congèlent ; mais alors elles cèdent de la chaleur aux objets, elles en élèvent la température et les rendent bientôt incapables de continuer la première action. Comme ils sont réchauffés d’autant plus vite qu’ils sont plus déliés,