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flottante, qui se montent à 12 millions de drachmes, environ 1 million de drachmes ; pour les pensions, dans lesquelles les secours donnés aux îles ruinées par la guerre de l’indépendance et surtout les indemnités et pensions consenties en faveur des fonctionnaires et sujets anglais des îles Ioniennes entrent pour une part énorme, 3,800,000 drachmes. Voici déjà 11,300,000 drachmes absorbées par la dette. Il faut encore ajouter à cette somme 1,246,000 drachmes pour le service de la dette extérieure (emprunt de 1832)[1], ce qui fait 12,546,000 drachmes. A la vérité par suite des amortissemens, la dette intérieure diminue chaque année. Mais la Grèce va se trouver grevée d’un nouveau passif, puisqu’elle a cette année même réglé la question de la dette différée[2]. D’accord avec les détenteurs des actions des emprunts de 1824 et 25, la Grèce a reconnu devoir la somme de 1,250,000 l. st., soit 31,250,000 drachmes, et s’est engagée à payer annuellement pour les intérêts et amortissemens 1,875,000 drachmes. Les créanciers de la Grèce se sont engagés en échange à faire coter les valeurs grecques à la bourse de Londres, dans le délai de trois mois, faute de quoi la convention sera nulle. On ne peut que féliciter les Grecs de leur bonne volonté à payer leurs dettes. Mais on est enrayé en songeant aux 14 millions et demi que les intérêts de Ces dettes vont leur coûter chaque année.

Si déplorable qu’elle soit, la situation financière ne serait pas désespérée, dans le cas même où par un déni de justice on n’accorderait point à la Grèce un agrandissement de territoire. En effet, les déficits des budgets grecs, qui varient de 1 à 2 millions, ne provenant point des dépenses du présent, mais des dettes du passé, et d’autre part les ressources de l’état augmentant chaque année de 1 million au moins, il s’ensuit de là que dans trois ou quatre ans il sera possible d’équilibrer le budget. On pourrait même espérer voir les recettes dépasser les dépenses, si on recourait à quelques

  1. La Grèce a cessé de servir les intérêts de cet emprunt en 1844. Il y a quelques années, à la suite d’un nouvel arrangement avec les trois puissances qui avaient garanti l’emprunt et en avaient servi les intérêts et les amortissemens en lieu et place de la Grèce, celle-ci s’est engagée à donner annuellement aux puissances, à titre d’indemnité de leurs avances, cette somme de 1,246,000 drachmes.
  2. On connaît l’origine de la dette différée. En 1824 et 1825, le gouvernement provisoire de la Grèce négocia à Londres, pour subvenir aux dépenses de la guerre, deux emprunts montant à la somme totale de 57 millions et demi (2,300,000 livr. sterl.). De ces emprunts contractés à 50 pour 100, plus les frais de commission et deux années d’intérêts et d’amortissemens touchés d’avance, la Grèce ne reçut que 23 millions. Quand le royaume fut constitué, la Grèce, prétextant que le gouvernement provisoire avait outrepassé ses droits en contractant cet emprunt, que cet emprunt était usuraire, enfin qu’elle ne s’était engagée à payer qu’au cas où toutes les provinces grecques seraient affranchies et lui fourniraient les ressources nécessaires, refusa de payer les intérêts. D’ailleurs elle ne voulut ni reconnaître ni nier cette dette. Elle la considéra comme différée. Aujourd’hui, la Grèce a reconnu cette dette.