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d’ecclésiastiques qui avaient à se plaindre des violences des officiers du roi ou des exigences du fisc sollicitaient également leur admission près de l’assemblée, en vue de lui demander justice. Mais plus ordinairement les réclamations de cette nature arrivaient sous forme de placets ou pétitions et étaient traitées comme les affaires litigieuses qui affluaient pendant la session : conflits d’attributions entre les évêques et les officialités, prétentions des réguliers de se soustraire à la juridiction de l’ordinaire, demandes de décharges pour torts ou dommages subis, etc., etc.

L’assemblée ne communiquait pas seulement avec le roi par l’intermédiaire des commissaires royaux ; elle avait encore le-privilège de pouvoir lui envoyer, comme au premier ministre, des députations pour lui adresser directement ses vœux et ses doléances, députations à la tête desquelles était généralement le président même de l’assemblée. La session ne commençait jamais sans que, dès les premiers jours après l’ouverture, on n’eût envoyé au roi, souvent aussi à la reine et aux princes du sang, une députation qui venait les assurer de la fidélité et du dévoûment du clergé. Si sa majesté se trouvait résider dans la ville même où se tenait l’assemblée, tous les membres de celle-ci se rendaient en corps auprès d’elle. Les députés allaient également complimenter le premier ministre, les cardinaux, le nonce ; ils en profitaient pour tâter leurs intentions à l’égard de l’assemblée et préparer les décisions à prendre. On ne manqua jamais d’en agir ainsi, surtout au temps de Richelieu, qui traitait les assemblées avec une considération plus apparente que réelle, quoiqu’il eût été lui-même, dans le principe, député à l’une d’elles, et qui, dans ses rapports avec le clergé, demeura bien plus ministre du roi que prince de l’église. Cependant Richelieu, s’il se laissa aller parfois à des momens de colère et d’irritation envers une réunion qui voulait lui tenir. tête, garda toujours les bienséances, tandis que dans ces visites de politesse elles ne semblent pas avoir été constamment observées à l’égard des représentans du corps le plus respecté de l’état, même par des dignitaires de l’église. Il est rapporté dans le journal de l’assemblée de 1635 qu’une députation qui avait à sa tête son président, l’archevêque de Bordeaux, se rendit auprès du cardinal de Guise comme témoignage de déférence. Ce cardinal, qui était archevêque de Reims, bien loin de se conformer à l’étiquette observée en pareille circonstance, cédant à ses habitudes mondaines, parut, nous dit le journal, « habillé comme un prince de profession d’épée, la tête bien frisée, avec le grand rabat, bien botté à la dernière mode, le pourpoint déboutonné à moitié par le bas et l’habit tout décoré de galands et de rubans de cuisse de bergère endormie, avec l’assassin ou mouche au coin de l’œil, vers la joue. » — « Ce prince, poursuit le document