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contrat de Poissy. Jusqu’au milieu du XVIIe siècle, le clergé du Béarn prétendit également être dispensé des décimes sous prétexte que le chef-lieu de sa province ecclésiastique était situé hors de France, mais il dut à cette époque se soumettre à la loi commune.

Le régime administratif que s’était donné le clergé assura à ses finances sous l’ancienne monarchie une situation meilleure que celle qu’offrait le trésor public. Ces assemblées régulières, où les comptes des receveurs étaient attentivement examinés, fournissaient avec le libre vote des impôts des garanties qui manquaient au gouvernement séculier d’alors. Plus ménager de ses ressources, parce qu’il n’y pouvait recourir qu’en chargeant les bénéficiers dont les intérêts étaient représentés avant tout dans les assemblées, il n’était pas d’ailleurs exposé, comme le roi, aux dépenses inattendues créées par les guerres et entraîné à ces prodigalités que la couronne jugeait nécessaires à son éclat ou se laissait arracher par l’adulation. Loin d’accroître incessamment sa dette, il s’attacha à la réduire ou du moins à ne pas ouvrir de nouveaux emprunts avant d’avoir remboursé une bonne partie de ceux qu’il avait précédemment contractés ; car, au lieu de pressurer les bénéficiers, le clergé recourut à des emprunts toutes les fois que des subsides extraordinaires, que des dons gratuits le mettaient dans l’obligation de réunir des sommes considérables. Ces emprunts furent opérés d’abord de façon que les rentes à servir n’avaient qu’un caractère temporaire ; on assurait par un fonds d’amortissement ou par la vente d’une fraction du temporel le remboursement des sommes empruntées. Puis, ce mode n’ayant point paru aux assemblées satisfaisant, et le remboursement ayant éprouvé des retards qui venaient ajouter à la dette, elles ne voulurent plus secourir l’état que par des emprunts perpétuels, et elles appliquèrent, dès la fin du XVIe siècle, le fonds d’amortissement au rachat des rentes. Ce bon système administratif inspira confiance au public, qui trouvait dans le patrimoine du clergé de solides garanties. Voilà pourquoi les rentes sur le clergé, qui se multiplièrent au siècle dernier avec les emprunts, furent singulièrement recherchées de toutes les classes de la population ; elles formaient alors une bonne partie de la fortune mobilière des Français. On conserve encore aujourd’hui dans les dépôts d’archives des milliers de constitutions de rentes de cette nature ; elles étaient faites par des contrats passés devant notaire et où intervenaient comme parties, d’une part l’acquéreur ou bailleur de fonds, de l’autre les commissaires délégués par l’assemblée du clergé pour opérer l’emprunt.

Cependant, malgré sa bonne administration financière le clergé subit plus d’une fois l’influence des détestables procédés auxquels