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réclamations beaucoup de force. Tandis que, les états-généraux dissous, il n’y avait plus de mandataires de la nation pour veiller à l’accomplissement des promesses obtenues de la couronne et au redressement des griefs qu’on avait opposés du côté de la noblesse et du tiers, le clergé était toujours là, représenté par les évêques, ayant l’œil à l’exécution des engagemens pris par le roi, et s’appuyant pour la presser au besoin sur le pape. Cette indépendance, il est vrai, s’affaiblit beaucoup quand les élections pour la nomination aux bénéfices ecclésiastiques eurent presque entièrement disparu. Lorsque le concordat de 1517 eut mis dans la main du roi la nomination aux évêchés et à une foule d’abbayes, celui-ci peupla les bénéfices de ses créatures, de grands personnages qui ne cherchaient que les gros revenus dans l’épiscopat et les autres dignités ecclésiastiques. Ces produits du favoritisme cédaient plus facilement aux demandes d’argent que faisait le prince, dont ils sollicitaient sans cesse de nouvelles grâces. Résidant en grand nombre à la cour, mêlés aux affaires de la politique, ils étaient loin de montrer à l’égard du gouvernement séculier la raideur que gardaient souvent ces évêques consciencieux qui restaient dans leur diocèse, ces abbés qui ne sortaient pas de leur monastère.

Entre les états-généraux de mai 1506 et ceux de janvier 1558, il n’y eut point en France d’assemblée générale des trois ordres. On tira des subsides de la nation sans les avoir demandés à ses députés. Le clergé ne fut pas plus appelé à voter que les deux autres ordres. Le roi réunit seulement les prélats qui se trouvaient près de sa résidence, et il obtint d’eux d’accorder au nom du corps ecclésiastique tout entier les secours pécuniaires dont il avait besoin. Peu de temps après son avènement au trône, en 1516, François Ier réclama des décimes du clergé. C’est la plus ancienne subvention de cette nature dont on eût gardé les comptes au siècle dernier ; la répartition ou, comme l’on disait, le département de ces décimes fut fait en vertu d’une bulle du pape Léon X, et la chambre des comptes en eut le contrôle, ainsi qu’elle l’avait du produit des impôts auxquels le reste de la nation était soumis. Plus tard, quand François Ier, sorti de sa captivité de Madrid, s’apprêta à recommencer la guerre contre son redoutable rival et réunit de nouvelles forces en Italie, il convoqua les notables pour en obtenir des levées extraordinaires d’argent. Le clergé eut sa place dans cette assemblée, où il était représenté par un certain nombre d’archevêques et d’évêques qui siégeaient à côté des membres de la noblesse, de la magistrature et de la municipalité parisienne. La réunion s’ouvrit le 15 décembre 1527. Le roi y exposa le triste état de ses affaires, les embarras financiers dans lesquels il se trouvait, et il obtint sans grande