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surtout des dépenses occasionnées par la guerre d’Atchin. Voilà quatre ans et plus que dure cette guerre lointaine, qui a déjà coûté bien des hommes et beaucoup d’argent, où les Hollandais ont contre eux les conditions meurtrières du climat aussi bien que le fanatisme opiniâtre de tribus belliqueuses. Elle est loin d’être terminée, elle risque d’être encore fort coûteuse, d’épuiser pour longtemps la vieille ressource des bonis coloniaux, et pour porter le poids de ses charges accumulées, pour avoir ses finances en équilibre, la Hollande est bien obligée de recourir à l’éternel expédient. Si l’on veut éviter des déficits, il faut de nouveaux impôts.

C’est la tâche du ministère des finances de découvrir, de combiner et de proposer les impôts, qui sont devenus une nécessité ; mais ici comme à propos de la loi sur l’instruction primaire, et plus encore peut-être, le cabinet de La Haye se trouve dans une position délicate. Il ne rencontre pas seulement l’opposition des protestans antirévolutionnaires et des catholiques qui l’ont déjà combattu ; dans son propre parti, dans le parti libéral qu’il représente au pouvoir, des velléités de scission se sont manifestées. En Hollande, comme partout, à côté d’un ministère obligé de compter avec les nécessités pratiques des choses, il y a les mécontens, les impatiens, qui veulent toujours aller en ayant. C’est là peut-être une des difficultés des prochains débats des chambres, mais les Hollandais sont naturellement tempérés, ils savent résister aux excentricités des partis. Ils unissent sans effort la raison, le sens pratique au patriotisme, à l’instinct libéral, et pour conduire sagement leurs affaires, pour éviter les crises périlleuses, ils n’ont qu’à s’inspirer de l’esprit de cette union d’Utrecht qui a fondé autrefois la puissance de la Hollande, dont le troisième centenaire va être bientôt célébré.


CH. DE MAZADE.


ESSAIS ET NOTICES
Histoire universelle du théâtre, par M. Alphonse Royer, t. V et VI. — Histoire du théâtre contemporain en France et à l’étranger, depuis 1800.jusqu’à 1875, 2 vol, in-8o. Paris, 1878, Ollendorff.


Commencé il y a plus de dix ans, l’ouvrage considérable où M. Alphonse Royer nous retrace l’histoire du théâtre depuis ses origines vient d’être achevé par la publication des deux derniers volumes, qui embrassent la production dramatique européenne durant les trois premiers quarts du XIXe siècle, Il n’est que juste que la partie française occupe ici une place prépondérante, en raison de l’influence que, dans toute cette période, notre scène n’a pas cessé d’exercer sur le mouvement de l’art. Pour la constater, il suffit de dresser le bilan de notre production contemporaine, et de rapprocher notre fécondité de la stérilité relative des autres pays, dont le théâtre vit, en partie du moins,