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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 janvier 1879.

On avait bien quelque raison de dire, il n’y a pas si longtemps de cela, qu’après l’ère des dangers supposée trop complaisamment finie, l’ère des difficultés allait commencer. Elle n’a pas tardé à commencer en effet cette ère des difficultés, et c’est malheureusement aussi l’ère des dangers qui se rouvre avec des aggravations aussi soudaines que désolantes, avec les incidens les mieux faits pour déconcerter tous les calculs, toutes les espérances. Depuis la rentrée des chambres à Versailles, en peu de jours, on pourrait presque dire en quelques heures, tout a changé de face, tout s’est précipité.

Ce qui était ou ce qui devait être le plus imprévu est arrivé. Ce qui était le plus à craindre et le plus à éviter s’est réalisé. D’une situation toute faite en apparence pour le calme, pour « l’harmonie des pouvoirs publics, » toute préparée pour une vie régulière et durable, est sortie tout à coup, par l’artifice des partis, une bourrasque, une espèce de cyclone menaçant de tout emporter dans son tourbillon. Le parlement avait eu à peine le temps de se réunir que déjà les passions étaient ostensiblement à l’œuvre pour aller à l’assaut du ministère, pour l’amener à merci, pour le réduire à l’alternative fameuse de se soumettre ou de se démettre. Le ministère avait à peine échappé, par la plus honnête et la plus plausible victoire, à cette absurde alerte que déjà l’orage venait d’un autre côté, de la résistance décidée, invincible, de M. le président de la république à certaines mesures que le cabinet croyait devoir lui proposer. La crise a commencé par l’éventualité d’une retraite du ministère ; elle ne s’est apaisée un moment que pour se raviver presque aussitôt et pour s’aggraver encore par l’éventualité de la